Dans une vidéo, Khadija Okkarou, 17 ans, témoigne de son enlèvement et de son viol par un groupe d’hommes. / Capture d'écran / YouTube

Douze Marocains âgés de 18 à 27 ans, suspectés d’avoir participé au viol collectif d’une adolescente de 17 ans, ont été placés en détention préventive, a-t-on appris mardi 28 août de source judiciaire.

Le témoignage de Khadija Okkarou, qui affirme avoir été séquestrée, violée et martyrisée pendant deux mois par une quinzaine d’hommes dans le village d’Oulad Ayyad (centre), a suscité une grande mobilisation sur les réseaux sociaux ces derniers jours, ainsi qu’une pétition pour lui venir en aide. « Ils m’ont séquestrée pendant près de deux mois, violée et torturée […] Je ne leur pardonnerai jamais, ils m’ont détruite », a-t-elle déclaré dans une vidéo où elle montre des tatouages graveleux et des traces de brûlures de cigarettes sur son corps.

Le procureur général de la chambre criminelle de la cour d’appel de Beni Mellal (centre) a décidé de poursuivre ceux qu’elle accuse et les a placés en détention préventive, avant de confier l’enquête à un juge d’instruction, selon la source judiciaire jointe par l’AFP.

Trois hommes recherchés

Le principal suspect, âgé de 20 ans, est poursuivi pour « traite d’être humain sur mineure », « viol », « menace de meurtre », « torture et usage d’arme causant des blessures et séquelles psychiques », « constitution d’une bande organisée, enlèvement et séquestration », selon la même source. Les chefs de « traite d’être humain sur mineure », « menace de meurtre », « torture », « enlèvement », « viol », « non-dénonciation de crime » et « non-assistance à personne en danger » ont été retenus pour dix de ses complices présumés. Un douzième est poursuivi pour « non-dénonciation de crime » et « non-assistance à personne en danger ».

Trois autres suspects sont actuellement recherchés par la police, selon la même source.

Khadija « est encore sous le choc même si elle essaie de se montrer forte, ses mains tremblent quand elle parle », a déclaré à l’AFP Loubna El Joud, membre de l’association NSAT, à Marrakech, qui fournit une aide aux femmes victimes de violences. « Plusieurs médecins bénévoles ont proposé de lui enlever ses tatouages, mais le dermatologue préconise d’attendre » du fait de l’état d’inflammation de sa peau, a-t-elle ajouté.

Les viols sont doublement douloureux pour les victimes, souvent considérées au Maroc comme les premières coupables par une société empreinte de valeurs traditionnelles. Ces derniers jours, les parents des suspects ont multiplié les déclarations à la presse marocaine en accusant Khadija Okkarou de mensonge et en dénonçant son mode de vie, selon eux, « dépravé ».