Devant un bureau de changes à Buenos Aires en Argentine, le 29 août. / Natacha Pisarenko / AP

Le Fonds monétaire international (FMI) va avancer ses versements à l’Argentine afin de soutenir le programme économique du gouvernement, a annoncé mercredi 29 août le président argentin de centre droit Mauricio Macri, qui tente de rassurer les marchés. Le chef de l’Etat a fait cette annonce juste avant l’ouverture de la Bourse.

Dans un communiqué publié quelques heures plus tard à Washington, la directrice du Fonds, Christine Lagarde, a fait savoir que l’institution allait examiner un renforcement de son aide à Buenos Aires et une accélération des versements d’un prêt accordé en juin.

« J’ai donné instruction au personnel du FMI de travailler de concert avec les autorités argentines pour renforcer le plan soutenu par le Fonds et de réexaminer le calendrier du programme financier », a-t-elle déclaré, précisant s’être entretenue avec le président Macri. Elle a assuré que l’institution allait essayer de faire les choses le plus rapidement possible.

Prêt de 50 milliards de dollars

Ces annonces interviennent après des journées de grande volatilité et de chute du peso. Une nouvelle dépréciation de la monnaie est intervenue mercredi, plongeant de 6,99 % pour s’échanger à 34,48 pesos pour un dollar à la fermeture. Mi-août, la Banque centrale de la République argentine (BCRA) a relevé son taux directeur de 40 à 45 %, qui est un des plus élevés au monde, pour tenter de freiner cette chute.

Depuis le début de l’année, le manque de confiance dans le peso argentin s’est accentué et la chasse au dollar a fait perdre plus de 40 % de sa valeur au peso. La première poussée de fièvre du peso était intervenue après la hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis. En juin, le FMI a accordé un prêt de 50 milliards de dollars à l’Argentine. Un premier versement de 15 milliards de dollars a été déjà effectué.

« La semaine dernière, nous avons eu de nouvelles marques de méfiance des marchés, particulièrement concernant notre capacité à consolider un financement pour 2019 », a admis M. Macri en expliquant les raisons de cette demande au Fonds. « Garantir le financement pour 2019 va nous permettre de renforcer la confiance et reprendre le chemin de la croissance au plus vite. »

Plan d’austérité

Le gouvernement a mis en place un plan d’austérité à la demande du FMI, qui prévoit notamment des suppressions de postes de fonctionnaires et une réduction des baisses d’impôts pour les exportations d’huiles et farines de soja.

Historiquement, le déficit budgétaire de l’Argentine est élevé, ce qui alimente l’inflation. Les gouvernements de Nestor Kirchner puis de son épouse Cristina (2003-2015) finançaient ce déficit par l’émission monétaire, alors que le gouvernement Macri comble le déficit, qu’il a ramené de 6 à 4 %, par la prise de dette et une limitation des dépenses publiques.

Dans son plan initial de relance de l’économie, Mauricio Macri tablait sur un afflux d’investissements étrangers dans les infrastructures, l’énergie, mais la prudence reste de mise. Les sociétés étrangères hésitent à investir dans un pays où la valeur d’un investissement peut être amputée de 20 % en quelques semaines.