Durcir le ton, et espérer, enfin, obtenir une augmentation des salaires. Jeudi 30 août, l’intersyndicale d’Air France a lu lors du comité central d’entreprise de la compagnie nationale une déclaration au vitriol contre la direction, mais de négociation, il n’y en a toujours pas. Et pour cause : l’arrivée effective aux manettes de l’entreprise de Ben Smith, le nouveau directeur général d’Air France-KLM, n’est prévue que le 30 septembre.

Jusqu’à présent, la direction n’a pas obtenu le feu vert du conseil d’administration pour négocier avec l’intersyndicale. Les neuf syndicats déplorent que « l’annonce faite le 16 août dernier de l’arrivée de M. Benjamin Smith au poste de directeur général d’AF-KLM n’ait absolument pas réglé la question du rattrapage de [leurs] salaires bloqués de 2012 à 2017 ».

Les syndicats soulignent que, même dans l’attente du nouveau directeur général, KLM a poursuivi les négociations avec ses pilotes.

Ils soulignent en revanche que cela n’a pas empêché KLM de poursuivre ses négociations salariales avec les pilotes de la compagnie néerlandaise. De même, le conseil d’administration n’a pas hésité à revoir à la hausse la rémunération du nouveau dirigeant d’Air France-KLM, à près de 4,25 millions d’euros, et de celui d’Anne-Marie Couderc, la présidente non exécutive du groupe. Bref, pestent les syndicats, « la question des salaires a trouvé une réponse rapide pour la direction générale d’AF-KLM, mais toujours pas pour les personnels d’Air France ».

Après la réunion, Karine Monségu, de la CGT-Air France, estimait que la direction d’Air France « se moqu[ait] » d’eux. Elle exige, comme les autres syndicats, la revalorisation de 5,1 % des salaires de l’ensemble des salariés de l’entreprise pour la seule année 2018, afin de gommer l’inflation subie sur la période 2012-2017.

Intersyndicale le 7 septembre

A défaut de l’ouverture de négociations, l’intersyndicale menace d’« un fort durcissement du conflit », sans en préciser la nature. « Ce sera détaillé dans les prochains jours », assure l’élue de la CGT. Une nouvelle réunion de l’intersyndicale est prévue le 7 septembre. 

Au sein de la compagnie, le nouveau patron canadien serait déjà à pied d’œuvre, à Paris, selon plusieurs sources, ce que réfute cependant Air France. « Il n’a toujours pas d’adresse ici, il faut encore attendre quelques semaines. » Il a en revanche obtenu pour mission « de traiter la question salariale et d’aller, peut-être, plus loin dans la redistribution des salaires », indique Laurent Le Gall (CFTC) à l’AFP.

Ben Smith va devoir surtout revoir son état-major. Franck Terner, directeur général d’Air France, et Gilles Gateau, le directeur général adjoint aux ressources humaines, sont annoncés sur le départ. « Pour l’instant, ils sont encore à leur poste », assure-t-on chez Air France. Cependant, note un proche de l’entreprise, « il faudra bien sacrifier des têtes pour repartir sur de nouvelles bases avec les syndicats, pour gagner un peu de répit ».