Accusé d’avoir blessé une manifestante écologiste sur le site du barrage de Sivens dans le Tarn, en 2014, un gendarme est renvoyé devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Une source judiciaire a confirmé, jeudi 30 août, les informations de Mediapart. L’ordonnance de renvoi est datée de mardi.

Le militaire soupçonné est poursuivi pour « violences volontaires ayant entraîné une ITT de 15 jours avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique », a détaillé à l’Agence France-Presse Me Claire Dujardin, l’avocate de la victime, Elsa Moulin.

La jeune femme, aujourd’hui âgée de 29 ans, avait été touchée à la main en ramassant une grenade de désencerclement jetée par un gendarme à l’intérieur d’une caravane, où elle s’était « réfugiée » avec deux autres opposants au projet.

« A trois, je vous laisse partir »

Les faits se sont déroulés en octobre 2014 lors d’une opération des forces de l’ordre pour expulser les personnes qui occupaient une parcelle du site du barrage contesté.

Sur une vidéo filmée de l’intérieur de la caravane et diffusée sur YouTube par un des trois occupants, on pouvait apercevoir un des militaires faire une sommation une grenade dans la main : « A trois, je vous laisse partir. »

Selon l’enregistrement, le décompte allait jusqu’à huit, avant que ne retentissent un bruit d’explosion et des cris.

Non-lieu dans la mort de Rémi Fraisse

Le projet de Sivens avait fait l’objet d’une très forte mobilisation d’opposants et le chantier avait été le théâtre d’affrontements avec les forces de l’ordre. En marge de l’un d’eux, Rémi Fraisse, un militant écologiste de 21 ans, a été tué par une grenade. Après sa mort, qui avait provoqué une onde de choc en France, le gouvernement avait annoncé l’interdiction des grenades offensives.

Le projet de barrage avait, lui, finalement été abandonné. En janvier 2018, la justice a délivré un non-lieu en faveur du gendarme qui avait tiré la grenade ayant entraîné la mort du militant écologiste.