Coca-Cola souffle maintenant le chaud et le froid. Après avoir garni son frigo de sodas, eaux, thés glacés, jus de fruits et autres déclinaisons de boissons fraîches, il s’installe derrière la machine à café. Le géant d’Atlanta a, en effet, annoncé vendredi 31 août l’acquisition de la chaîne de cafés Costa, pour la somme rondelette de 3,9 milliards de livres sterling (4,3 milliards d’euros). En s’emparant de cette entreprise créée à Londres en 1971, Coca-Cola s’offre une marque de café à vocation mondiale.

Cette opération marque une nouvelle étape dans la stratégie de diversification engagée par le leader mondial des colas. Une stratégie qui s’accélère depuis l’arrivée aux manettes, il y a quasiment un an, de James Quincey.

Deux jours plus tôt, Coca-Cola avait d’ailleurs dévoilé l’achat d’une marque de boissons tendance aux Etats-Unis, le soda Moxie. Et mi-août, il a pris une participation minoritaire dans le spécialiste des boissons énergisantes, BodyArmor.

Le soda, symbole de la malbouffe

Confrontée à la décrue de la consommation des colas, symbole de la malbouffe, l’entreprise d’Atlanta tente de répondre aux attentes de ses clients soucieux de boire plus sain ou différent. D’où ses prises de position fortes sur le marché des eaux, des thés glacés, voire même du lait.

Par ses acquisitions, Coca-Cola tente de répondre aux attentes de clients soucieux de boire plus sain ou différent.

Une stratégie qui commence à porter ses fruits. Sur l’exercice 2017, Coca-Cola a affiché un chiffre d’affaires de 35,4 milliards de dollars (30 milliards d’euros). En recul de 15 %, du fait de la cession d’activités d’embouteillage, mais en progression de 3 % à taux de change et périmètre constants.

Mais la concurrence, elle aussi, accélère le pas. Et de nouveaux acteurs bousculent le jeu. A l’exemple du fonds d’investissement JAB de la famille allemande Reimann. Fondatrice du groupe Benckiser, devenu Reckitt Benckiser, actionnaire du groupe de cosmétiques Coty, elle a débuté une guerre-éclair dans l’agroalimentaire en 2012. Avec son bras armé, JAB, elle s’est bâti très vite un empire du café. En achetant des chaînes comme Peet’s Coffee & Tea, Caribou Coffee ou Panera et en créant Jacobs Douwe Egberts (JDE), numéro un mondial du café en volume. Le numéro un en valeur restant Nestlé.

JAB a augmenté encore la pression sur le numéro un mondial de l’agroalimentaire en jetant son dévolu sur Keurig Green Mountain, le spécialiste américain du café en dosettes, concurrent direct de Nespresso. Nestlé a répliqué en nouant une alliance avec la chaîne américaine Starbucks pour commercialiser le café sous cette marque dans le monde.

Sur le terrain de son nouveau rival

Poursuivant l’offensive, JAB s’est aussi invité dans le duel entre Coca-Cola et PepsiCo. En janvier il s’est emparé de l’entreprise américaine Dr Pepper Snapple Group, numéro trois des sodas outre-atlantique, derrière les deux grands rivaux. Une attaque qui ne pouvait laisser Coca-Cola indifférent. Avec l’acquisition de Costa, il s’invite sur le terrain de son nouveau rival. « Les boissons chaudes étaient l’un des rares segments du paysage des boissons où Coca-Cola ne possédait pas de marque globale », a déclaré M. Quincey, cité dans un communiqué.

La firme d’Atlanta a profité de la volonté du groupe d’hôtellerie et de restauration Whitbread de céder Costa. Une chaîne qui possède 2 400 points de vente en Grande-Bretagne et 1 400 autres répartis dans le monde, sans oublier un parc de 8 000 machines à café installé dans des supermarchés ou des stations-service. Par le biais de cette acquisition, Coca-Cola s’offre également une expertise dans l’approvisionnement du café. Et s’apprête à croiser le fer avec JAB, Starbucks ou Nestlé sur un marché en croissance, mais en pleine ébullition.

A noter que son grand rival PepsiCo, tout autant soucieux de se diversifier, a, lui, dévoilé son nouveau pari, il y a à peine dix jours. Il a misé 3,2 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros) pour prendre le contrôle de la société israélienne SodaStream, fabricant de machines à gazéifier l’eau à domicile.