Au nord-est de Ljusdal, dans le centre de la Suède, le 26 juillet 2018. / AFP

25 000 hectares de forêts partis en fumée, 10 milliards de couronnes (1 milliard d’euros) de pertes pour les agriculteurs forcés d’abattre leurs bêtes faute de fourrage pour les nourrir, des interventions annulées dans les hôpitaux incapables de garantir la stérilité des instruments en salle d’opération, entre 300 et 400 décès dus à la canicule…

Ce ne sont là que quelques-unes des conséquences de la vague de chaleur qui a submergé le royaume scandinave cet été et qui a remis la lutte contre le changement climatique à l’ordre du jour d’une campagne législative jusque-là dominée par l’immigration et l’insécurité.

Les Verts assurent qu’ils auraient préféré « un été ordinaire » : des températures pointant à 25 degrés, les averses succédant aux belles journées. Mais le fait est que les conditions climatiques extrêmes observées ces dernières semaines pourraient bien sauver le parti écologiste d’une défaite cuisante, « comme en 1988, les phoques morts le long des côtes suédoises avaient permis au parti d’entrer au Parlement », note le quotidien Dagens Nyheter (DN).

Avant l’été, plusieurs sondages le donnaient ainsi à moins de 4 % des intentions de vote, soit en dessous du seuil nécessaire pour se maintenir au Parlement. Bien loin des 6,89 % obtenus en 2014, qui lui avaient permis d’entrer pour la première fois au gouvernement, au sein d’une coalition minoritaire avec les sociaux-démocrates.

« Les plus crédibles »

« Ils ont payé le prix de leur participation au gouvernement », note le politologue Sören Holmberg. Parmi les compromis les plus difficiles à digérer pour les électeurs : le durcissement des conditions d’accueil des réfugiés, après l’arrivée de 160 000 demandeurs d’asile en 2015, alors que le parti écologiste se présentait en porte-drapeau d’une politique généreuse de l’asile.

Peu importe que les Verts aient réalisé – en partie ou complètement – 85 % de leurs promesses électorales, selon une enquête de DN. Peu importe aussi qu’ils soient parvenus à faire adopter une loi-cadre historique, avec le soutien de sept partis au Parlement, obligeant les gouvernements futurs à mener une politique en accord avec l’objectif climatique fixé par le pays : la neutralité carbone d’ici à 2045.

Le retour en force de la question climatique dans la campagne pourrait bien leur avoir sauvé la mise. « Comme les Verts sont les plus crédibles dans ce domaine, le débat leur a profité », constate M. Holmberg. La mobilisation de leurs électeurs pourrait avoir un effet secondaire, en permettant au « bloc de gauche » d’arriver en tête, devant la droite.

Sentant le vent tourner, Jimmie Akesson, le leader des Démocrates de Suède, le parti d’extrême droite donné à 20 % dans les sondages, estimait, le 11 août, qu’utiliser la météo à des fins politiques était « la pire sorte de populisme ». S’il ne nie pas l’impact des activités humaines sur le climat, M. Akesson défend le nucléaire, en cours de démantèlement en Suède.