Affaire Benalla, démission de Nicolas Hulot, polémique sur les « Gaulois »… Alors qu’Emmanuel Macron affronte une rentrée compliquée, l’exécutif tente de resserrer les liens avec la majorité, afin de s’assurer de l’adoption des principaux textes à venir au Parlement.

En témoigne le casting retenu par la Macronie pour le séminaire de rentrée des parlementaires de La République en marche (LRM), qui se tiendront les lundi 10 et mardi 11 septembre à Tours. Alors que seuls les 312 députés macronistes devaient initialement s’y réunir, le premier ministre Edouard Philippe sera également présent, selon un document que Le Monde s’est procuré, confirmant des informations de LCP.

Le chef du gouvernement participera à un apéritif puis à un dîner avec l’ensemble des élus macronistes le lundi 10 septembre, de 19 h 15 à 23 heures, au centre international des congrès de la ville. Avant d’assister à une « réunion de groupe extraordinaire » des députés LRM, le lendemain, de 10 h 45 à 13 heures, en présence de la presse. Une première depuis le début du quinquennat. Jusque-là, toutes les réunions de groupe des députés LRM s’étant déroulées à huis clos.

Nouvelles économies à trouver

Edouard Philippe ne viendra pas seul. Quatre poids lourds du gouvernement seront également du voyage pour participer à trois « ateliers législatifs », le lundi après-midi. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et celui de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, présenteront le projet de loi de finances pour 2019 aux parlementaires LRM. L’occasion de défendre les arbitrages budgétaires du gouvernement, qui seront examinés à l’Assemblée à partir d’octobre. En particulier les hausses de prestations sociales moins fortes que l’inflation, annoncées par Edouard Philippe, qui toucheront à la fois les allocations familiales et les pensions de retraite.

Le gouvernement doit trouver de nouvelles économies pour maintenir le déficit en dessous des 3 %, barre symbolique exigée par les traités européens, dans un contexte plus difficile qu’il ne l’avait prévu. Peut-être une occasion, également, pour le duo de Bercy de clarifier la position de l’exécutif sur le prélèvement à la source, dont l’application dès le 1er janvier 2019 n’est plus certaine.

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, détaillera, elle, le contenu du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019, qui sera examiné au Parlement à l’automne, et le projet de loi sur les questions de bioéthique. Attendu pour la fin de l’année ou début 2019, ce texte doit notamment aborder le thème de la PMA, qui divise la majorité. En revanche, il n’est pas prévu que la ministre de la santé aborde le plan pauvreté – qui doit pourtant être mis en œuvre au 1er janvier 2019 – ni le plan hôpital, très attendu par un secteur à bout de souffle. Deux textes initialement attendus en septembre.

« Aucune place à l’improvisation »

Enfin, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, animera un troisième atelier législatif. Celle-ci doit présenter le projet de loi de programmation 2018-2022 et la réforme de la justice, qui doit être débattue devant le Parlement en octobre et votée en février 2019.

« Ce sont des réformes clés, donc il est essentiel que le groupe et le gouvernement soient soudés pour assurer leur bonne mise en œuvre », souligne un pilier de la majorité, qui se réjouit du programme retenu pour le séminaire de rentrée des parlementaires LRM. « Cela va nous permettre de bien nous caler et de ne laisser aucune place à l’improvisation. » Autre intérêt : se coordonner pour défendre ces réformes dans les médias, sans commettre de couac. « Il est essentiel que le gouvernement fasse bien passer les messages au groupe pour que chacun puisse ensuite aller soutenir le bien-fondé de chaque texte », souligne un député LRM.

Ce séminaire de rentrée sera le quatrième auquel participent les députés LRM depuis le début du quinquennat. Après s’être retrouvés une première fois en juin, puis en septembre pour des séances de team building, afin de renforcer les liens entre les 312 membres du groupe, ceux-ci s’étaient rassemblés en janvier dans les murs de l’Assemblée. Avec un double objectif : préparer le travail législatif, mais aussi tenter d’améliorer le fonctionnement et l’animation du groupe. Cette fois, il s’agira surtout de renforcer le lien entre le groupe majoritaire et un exécutif à la peine.