Le ministre des comptes publics a nuancé ses propos après avoir affirmé jeudi que le prélèvement de l’impôt à la source entrerait bien en application en janvier 2019. / LUDOVIC MARIN / AFP

Deux jours après avoir réaffirmé sa volonté de mettre en place la grande réforme sur le prélèvement de l’impôt à la source, Gérald Darmanin, ministre des comptes publics, a admis samedi que « l’arrêt » du prélèvement à la source n’était pas exclu. Un alignement sur la position d’Emmanuel Macron, qui avait indiqué jeudi vouloir des « réponses précises » avant de trancher.

Interrogé sur France Inter, le ministre a évoqué des considérations sur les potentiels effets « psychologiques » de la réforme censée entrer en vigueur début 2019, et qui embarrasse l’exécutif depuis plusieurs mois. « Nous choisirons ensemble politiquement l’avancée ou l’arrêt (…) de la réforme », a déclaré le ministre, qui rencontrera à ce sujet mardi le président de la République et le premier ministre afin de leur « apporter des réponses claires » avant qu’une décision ne soit prise. « C’est plutôt le calendrier du mois de septembre qui a été choisi par le président pour définitivement décider », a-t-il précisé.

M. Darmanin a exclu toute crainte d’ordre technique, mais a reconnu que les débats au sein de l’exécutif portaient sur les conséquences psychologiques de la réforme.

Ces considérations portent notamment sur le fait que les particuliers verront arriver sur leur compte en banque un salaire ou une pension réduits par rapport à leur montant actuel, s’ils sont soumis à l’impôt sur le revenu. Pour autant, M. Darmanin a réitéré son scepticisme quant à un effet dévastateur sur la psychologie des ménages. « Je suis totalement opposé à cette affirmation », a-t-il dit, soulignant que beaucoup de ménages avaient déjà opté pour la mensualisation du versement de leur impôt.

Pour Hollande, il faut « sauter le pas »

L’ancien secrétaire d’Etat en charge du budget, Christian Eckert, a estimé samedi dans une interview à Libération que les hésitations de l’exécutif sur le prélèvement à la source s’expliquent avant tout pour des raisons « politiques ».

Pour M. Eckert « la majorité craint de payer dans les urnes aux prochaines européennes des fiches de paie et des bulletins de pensions avec des montants en baisse ». Il relève aussi que le Medef a « toujours été contre » la réforme.

Interrogé vendredi par la presse en marge d’un déplacement à Cherbourg (Manche), l’ancien président de la République, François Hollande, a aussi pointé en premier lieu un choix politique. « Je ne veux pas compliquer la tâche de ceux qui hésitent encore, mais cette réforme était prête… Les fonctionnaires du ministère à Bercy ont fait tout le travail, après c’est une affaire de choix politique », a-t-il taclé. À un moment « il faut sauter le pas, il faut le faire », a-t-il ajouté.