Henry Padovani, le guitariste corse du groupe The Police, sur scène au Hard Rock Calling Festival en 2008. / MTPTBC

LES CHOIX DE LA MATINALE

Autour d’un produit simple comme le café, Starbucks a créé un empire international. Infiltré derrière le comptoir, ce documentaire nous dévoile les coulisses d’une machine redoutable. Plus légère est la nouvelle série documentaire française Retour à l’instinct primaire, qui place une paire de volontaires nus et seuls dans la jungle de Colombie. Egalement dans notre sélection : un podcast sur l’auteur de la série acclamée The Wire, et un documentaire sur Henry Padovani, rockeur corse et dénicheur de talents.

Starbucks sans filtre

Une consommatrice attablée dans un café Starbucks à Paris / PREMIÈRES LIGNES/ARTE

Transformer un breuvage des plus banals en potion magique vendue à prix d’or, c’est le tour de force accompli par Howard Schultz. Arrivé en 1981 comme directeur marketing chez Starbucks, il rachète cinq ans plus tard l’entreprise qui vend du café pour bâtir un empire aux 28 000 enseignes déployées dans soixante-quinze pays, enregistrant un bénéfice dépassant les 2 milliards d’euros en 2017. Le documentaire s’attaque à la « com’ bien huilée » de cette multinationale pas si différente des autres déconstruisant pièce par pièce les rouages de la machine Starbucks.

Alors que la quasi-totalité des salariés refusent de s’exprimer, une taupe intégrée dans une boutique parisienne expérimente les rudes conditions de travail – un tiers du temps consacré au ménage, horaires instables, stress et grosse fatigue physique – d’un job où les employés sont chronométrés. Une incessante course à la rentabilité pour ceux que la firme ose appeler ses « partenaires », payés au salaire minimum. Cette schizophrénie entrepreneuriale trouve aussi son expression dans le désintérêt de l’entreprise pour le tri sélectif : les quatre milliards de gobelets produits chaque année sont non recyclables. Marion Delpech

« Starbucks sans filtre », de Luc Hermann et Gilles Bovon (France, 2018, 90 min). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 26 octobre et sur YouTube.

A poil et seuls au monde

RETOUR À L'INSTINCT PRIMAIRE - RMC Découvertes - Bande-annonce
Durée : 00:51

Diffusée depuis des années aux Etats-Unis sur Discovery Channel, la série Naked and Afraid en est déjà à sa neuvième saison. En adaptant le concept de ce programme à son marché, la France devient le premier pays dans le monde à proposer une nouvelle version.

Intitulée « Retour à l’instinct primaire », la série comporte douze épisodes diffusés sur RMC Découvertes ; le premier mercredi 29 août. Un gars et une fille qui ne se connaissent pas acceptent, après avoir passé examens médicaux et tests psychologiques, de vivre trois semaines ensemble, sans eau potable ni nourriture, dans un environnement naturel hostile.

Sauront-ils survivre dans des conditions extrêmes, sachant, détail intéressant, qu’ils vivront nus tout au long de leur séjour en enfer ? Et que la petite équipe de tournage qui les accompagne a pour règle stricte de n’intervenir qu’en cas d’extrême urgence ?

Décence (ou pudibonderie) venue des Etats-Unis oblige, les fesses, les seins et le sexe des candidats sont floutés par la caméra. Ayant visionné le premier épisode, on oscille entre éclats de rire, angoisse et sentiment de solidarité avec les candidats. Marie­ – téléopératrice à Vichy (Allier) dans le civil et sportive de haut niveau – et Olivier – maçon belge au grand cœur et au sens pratique développé – sont largués au cœur d’une jungle du nord de la Colombie infestée de dangereuses bestioles plus ou moins grosses. On suggère de regarder ce programme confortablement installé en sirotant une piña colada… Alain Constant

« Retour à l’instinct primaire », série documentaire. Episode 1 (France, 2018, 52 min). Disponible sur Rmcdecouverte.bfmtv.com jusqu’au 5 septembre.

Rock corsé

ROCK'N ROLL OF CORSE Bande Annonce (Henri Padovani, Sting - Documentaire, 2016)
Durée : 01:58

Au bon endroit au bon moment. En décembre 1976, un Corse de 24 ans, fils de pieds-noirs débarqués à Bastia en 1963, guitariste, beau gosse et bafouillant à peine quelques mots d’anglais, arrive à Londres pour y assouvir sa passion musicale.

Le punk ne va pas tarder à exploser, la scène rock est en fusion, l’énergie palpable dans les rues et les clubs. Henry Padovani va se fondre avec un naturel déconcertant dans la jungle londonienne, devenir un personnage réputé de la nuit, assister à des centaines de concerts.

Dès janvier 1977, il fonde un groupe en compagnie de son nouvel ami, rencontré dans un squat de Green Street : le batteur américain Stewart Copeland. Ce dernier fait venir Gordon Matthew Thomas Sumner, bassiste de jazz-rock débarqué de Newcastle et surnommé Sting. The Police est né. Padovani fera partie du trio pas encore mythique durant près d’un an, avant d’être éjecté par Sting, qui fera venir le beaucoup plus expérimenté Andy Summers à la guitare. Mais la carrière musicale du Corse ne fait que débuter.

Au fil du temps, Padovani a joué dans plusieurs groupes. Puis, sur les conseils de Miles Copeland, manageur de Police, il est aussi devenu un exceptionnel dénicheur de talents sous le label IRS. C’est à Padovani que l’on doit l’éclosion des Bangles, de REM, des Fine Young Cannibals, des Fleshtones ou des Lords of the New Church. Tout au long du documentaire, on découvre un personnage sortant de l’ordinaire. A. Ct.

« Rock’n’roll… of Corse ! », de Lionel Guedj et Stéphane Bébert (France 2010, 90 min). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 4 octobre.

La plus grande des séries

The Wire Trailer (HBO)
Durée : 02:43

Journaliste pendant douze ans au Baltimore Sun, où il a suivi, dans les années 1990, l’unité de police des homicides de la ville du Maryland, David Simon a puisé dans ces expériences de terrain la matière d’une œuvre puissante mondialement reconnue.

Ces enquêtes ont d’abord donné lieu, en 1991, à un livre, Baltimore (éditions Sonatine), dont Simon s’est servi ensuite pour écrire sa série devenue culte, The Wire (Sur écoute) qui a pour sujet la criminalité de cette ville et le quotidien de flics qui cherchent à démanteler un vaste réseau de trafic de drogue.

Pour David Simon, la fiction, ce n’est pas un divertissement : elle prend appui sur le réel, s’imprègne de faits. L’émission La Compagnie des auteurs de France Culture lui a consacré quatre éditions poignantes. Comment qualifier sa série, qui a captivé Stephen King et Barack Obama ? Epopée ? Roman ? Critique d’une Amérique en crise ? Pour répondre à ces questions, on écoutera notamment l’intervention du philosophe Mathieu Potte-Bonneville, pour qui cette série pose des questions éminemment actuelles : comment approcher le réel à l’heure du storytelling ? Amaury da Cunha

La Compagnie des auteurs, présentée par Matthieu Garrigou-Lagrange (France, 2018, 4 x 59 min). Podcasts disponibles sur Franceculture.fr.