A Buenos Aires, le 3 septembre. / Natacha Pisarenko / AP

L’essentiel

  • Depuis le début de l’année, le peso a perdu 50 % de sa valeur face au dollar, et la Banque centrale argentine a dû remonter son taux directeur à 60 %, une mesure drastique, pour tenter d’endiguer la crise monétaire.
  • Pour stabiliser l’économie et lutter contre le déficit budgétaire, le président argentin, Mauricio Macri, a annoncé, lundi 3 septembre, un plan d’austérité comprenant la suppression d’une dizaine de ministères et l’augmentation des taxes à l’exportation.
  • Au vu de la dégradation de l’économie, M. Macri avait demandé le 29 août l’accélération des versements du prêt de 50 milliards de dollars accordé par le Fonds monétaire international (FMI) à l’Argentine au mois de juin, ce qui a déclenché la panique des investisseurs.

L’objectif

0 % du PIB

Lors d’une conférence de presse suivant l’allocution du président argentin, lundi, le ministre de l’économie, Nicolas Duvojne, a annoncé l’ambition du gouvernement d’atteindre un déficit budgétaire représentant 0 % du PIB national dès 2019. Alors que ce déficit était passé de 6 % en 2015 à 3,9 % en 2017, le gouvernement s’était engagé auprès du FMI à le réduire à 2,7 % du PIB cette année, puis à 1,3 % en 2019, et de parvenir à l’équilibre en 2020 — un engagement que Nicolas Duvojne souhaite devancer.

Pour y parvenir, le ministre de l’économie a notamment annoncé :

  • le retour d’une taxation à la source des exportations ;
  • une réduction des investissements et des subventions de la part de l’Etat central — dont la suppression d’une dizaine de ministères, annoncée par le président de la République.

La citation

« On surmontera la crise en prenant soin des plus nécessiteux »

Dans un message enregistré à la Casa Rosada — la « maison rose », siège de l’exécutif argentin —, le président de centre droit a tenté de se montrer rassurant face à ces annonces : « Nous affrontons les difficultés de la meilleure manière. On surmontera la crise en prenant soin des plus nécessiteux. » Il a promis en ce sens :

  • le renforcement des allocations ;
  • des programmes alimentaires ;
  • le plafonnement du prix de certains produits de base.

« Nous devons faire face à un problème de base : ne pas dépenser plus que ce que nous avons, faire les efforts pour équilibrer les comptes de l’Etat », a déclaré le président argentin, qui a tenu à rappeler l’« urgence » de la situation ajoutant : « Cette crise, ce n’est pas une de plus, elle doit être la dernière. Nous avons tout pour nous en sortir. »

Le contexte

Ces annonces ont été faites avant la tenue à Washington, mardi 4 septembre, d’une réunion entre Nicolas Duvojne et les représentants du Fond monétaire international pour négocier le calendrier des versements prévus dans le cadre d’un prêt de 50 milliards de dollars accordés par l’institution au gouvernement de Mauricio Macri.

La bonne tenue des négociations est décisive pour le président de la République, à un an de l’élection présidentielle, prévue en octobre 2019. La baisse du pouvoir d’achat est généralisée dans ce pays de 41 millions d’habitants, où les mécanismes de revalorisation des salaires ont dans la plupart des cas un temps de retard sur l’inflation. Une grève générale est annoncée pour le 25 septembre.

Le pays tient aussi à conserver son image auprès des investisseurs : le prêt accordé par le FMI est une première pour l’Argentine, dix-sept ans après un spectaculaire défaut de paiement, qui demeure encore aujourd’hui un traumatisme national.