Edouard Baer, maître de cérémonie au Festival de Cannes 2018. / VALERY HACHE / AFP

Un hymne à la chaleur de la radio, à la liberté de « loufoquer » et à l’incandescence du direct (avec ses p’tits pépins, touchants et pas gênants) ; une ode à la verve oratoire et à l’improvisation, qu’elle parte en feu d’artifice ou tombe à plat… Dimanche 2 septembre, entre 22 heures et minuit, Edouard Baer s’est lancé dans la première de « Lumières dans la nuit », sur France Inter. Il y eut des ratés, quelques trous d’air, mais aussi des pépites, les seuls moments que l’on retienne, au final, lorsqu’une émission prend le risque de l’impro en direct et que le rire vous submerge sans prévenir.

Ceux qui écouteront l’émission en replay peuvent s’épargner les vingt premières minutes : le public présent au Belair, le café de la Maison ronde, semble chauffé à blanc dès le générique, mais Baer et sa troupe d’amis beaucoup moins.

Mise en place, présentation de ses compères et complices – dont Fred Tousch et Jack Servant, déjà à ses côtés dans la matinale qu’il animait sur Radio Nova, les deux dernières saisons –, proposition de dresser le bilan de « Lumières dans la nuit » dès son lancement, échange sans intérêt avec une auditrice au téléphone, tentative infructueuse de sketch improvisé avec Alain Chabat, « parrain de l’émission », autour de la démission de Nicolas Hulot : comme il le promet ironiquement, Edouard Baer risque alors d’« acccompagner l’auditeur, s’il y en a un, vers l’endormissement ».

La légèreté et le n’importe quoi à tout prix

C’est alors que Baer lance son coup : il appelle le plateau de la chaîne L’Equipe, en plein match Monaco-Marseille, interrompt et interpelle ses commentateurs, leur demande une prestation « à l’ancienne », grandiloquente et enflammée, performance qu’il reprendra à son tour brillamment. Un beau moment de radio et de télévision à la fois.

A partir de là, chacun, derrière son micro, commence à être suffisamment « chaud » pour répondre aux questions et tentatives d’improvisation de Baer sur tout et n’importe quoi : l’intrigue plus ou moins claire que révèle une des chansons de Serge Lama ; l’intérêt ou non de recycler les agendas des années passées ; et, surtout, l’avantage du/de la « réquerre », à la fois rapporteur et équerre, tel que présenté au téléphone par Alexandre Astier, envoyé spécial pour la rentrée scolaire du lendemain.

Nombre de questions absurdes d’Edouard Baer n’auront pas donné lieu à la qualité de délire qu’il attendait probablement de ses interlocuteurs. Reste néanmoins vibrante, tout au long de l’émission, sa volonté de tenter la légèreté et le n’importe quoi à tout prix, gage d’une vibration imaginative et créative. Il sera sans doute plus aisé d’y donner libre cours dans les prochaines émissions, qui le verront mener « Lumières dans la nuit » non plus depuis Radio France mais dans des bars et autres lieux de vie un peu partout en France. Toujours avec une bande de « camarades sociétaires » à la chasse au cafard du dimanche soir.