Le cardinal Philippe Barbarin, lors d’une messe dans la cathédrale Saint-Jean, à Lyon, en avril 2016. / Laurent Cipriani / AP

Le procès annoncé du cardinal Philippe Barbarin, poursuivi pour ne pas avoir dénoncé à la justice des agressions pédophiles, pourrait se tenir les 7,8 et 9 janvier à Lyon, mais les plaignants peinent à faire comparaître un autre ecclésiastique, haut prélat du Vatican.

Selon ces derniers, d’anciens scouts abusés par un prêtre du diocèse, la citation du préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l’Espagnol Luis Francisco Ladaria Ferrer, qu’ils poursuivent avec l’archevêque de Lyon et cinq autres personnes, est bien parvenue jusqu’à Rome.

Mais elle y serait toujours « à l’étude », et la justice française n’a pas encore reçu d’accusé de réception : faute de quoi, le tribunal correctionnel de Lyon, devant lequel le procès est prévu, n’est toujours pas formellement saisi du cas du prélat romain.

Lundi, une audience de consignation nécessaire à sa comparution — elle fixe la somme que les plaignants doivent provisionner pour couvrir une éventuelle amende — n’a ainsi pas pu se tenir et compte tenu des délais prévus par la loi, il n’est pas possible d’en programmer une autre d’ici au 7 janvier.

« Ces personnes doivent comparaître en même temps »

A cette date, les plaignants demanderont donc un nouveau renvoi du procès, qui aurait dû se tenir en avril. Ils tiennent en effet à ce que les sept prévenus soient tous jugés en même temps afin de dénoncer les silences de l’ensemble de l’institution catholique sur les faits de pédophilie. Le prélat espagnol, poursuivi pour complicité, avait été consulté par Mgr Barbarin au sujet du prêtre incriminé et lui avait conseillé de le sanctionner tout en évitant un scandale public.

Le tribunal ne semble pas favorable à un nouveau report alors que six des sept prévenus peuvent comparaître. « C’est vous qui ne voulez pas que l’affaire soit jugée en deux temps », a reproché sa présidente aux avocats des plaignants lundi. « Il est plus sage que ce dossier soit examiné au fond le 7 janvier plutôt que repoussé indéfiniment », a confirmé de son côté le procureur.

« Il s’agit de faits qui sont liés, ces personnes doivent comparaître en même temps », a rétorqué Me Nadia Debbache. « Nous ne sommes pas responsables des délais pris par le Vatican », a-t-elle ajouté, dénonçant « une volonté, certainement, de faire traîner les choses ».

En janvier, le parquet et la défense s’opposeront à un nouveau renvoi. « Depuis des mois, Mgr Barbarin est l’objet d’une campagne violente et nous attendons l’audience pour rétablir factuellement et juridiquement la vérité », a déclaré lundi l’avocat du primat des Gaules, Me Jean-Félix Luciani.

En août, un prêtre du diocèse de Valence avait appelé le cardinal à démissionner en lançant une pétition, signée depuis par plus de 100 000 personnes. Deux évêques et l’ancien directeur de cabinet de Mgr Philippe Barbarin ont en revanche pris sa défense dans une tribune publiée par le quotidien La Croix.