Plus d’une centaine de personnes, notamment des militants syndicaux et des élus communistes, sont venues lundi 3 septembre au tribunal de grande instance (TGI) de Marseille pour soutenir les salariés de six fast-foods Mcdonald’s en passe d’être cédés.

Les salariés et leur défense dénoncent une « fraude qui menace des emplois », après deux mois de lutte sociale et juridique contre ce projet de reprise.

Saisi par le comité d’entreprise et par le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de plusieurs restaurants de Marseille et de sa région, qui demandent notamment l’interdiction du projet de cession, le juge des référés doit rendre sa décision vendredi 7 septembre.

« Je demande au tribunal d’empêcher cette escroquerie », a plaidé lundi à Marseille Ralph Blindauer, l’avocat des salariés. Cinq des restaurants doivent être cédés, selon le projet du franchisé et de McDonald’s France, à un autre franchisé McDonald’s de Marseille, « connu pour sa brutalité sociale », selon Me Blindauer, qui n’a pas hésité à dénoncer « les méthodes mafieuses » de ce repreneur.

Mais c’est le sort des soixante-dix-sept salariés — pour certains à temps partiel — du McDonald’s de Saint-Barthélemy, dans les quartiers nord, qui inquiète le plus l’avocat : leur restaurant doit être transformé en fast-food asiatique halal. « Les porteurs de projet sont des hommes de paille qui sont là pour couler l’entreprise », a dénoncé l’avocat.

Les salariés redoutent un plan social déguisé, alors que le restaurant représente l’un des derniers poumons économiques de ce quartier déshérité.

« Au bout de trois mois, Hali Food [le repreneur] se casse la figure, les pouvoirs publics payent les pots cassés et McDo s’en lave les mains », prédit Me Blindauer.

« Une ambiance familiale et des avantages sociaux »

L’avocat de la défense, Me Cyrille Franco, a quant à lui assuré que « la sauvegarde de l’emploi était la priorité des repreneurs » et a qualifié le modèle économique d’Hali food de « parfaitement solide ». Il a aussi fustigé les « injonctions paradoxales » de la partie adverse : « On ne veut pas d’une sortie de McDo alors qu’on ne cesse de taper sur McDo. »

Pour les salariés du McDonald’s de Saint-Barthélemy, la direction France du groupe veut « couler ce restaurant où il y a des représentants syndicaux, une ambiance familiale et des avantages sociaux, comme un treizième mois », dit Tony Rodriguez, porte-parole de l’intersyndicale.

Vendredi, le maire (LR) de Marseille, Jean-Claude Gaudin, et la sénatrice PS des Bouches-du-Rhône, Samia Ghali, ont mis en garde la direction de McDonald’s sur son projet de cession, après avoir reçu une délégation des salariés du McDonald’s de Saint-Barthélemy.

Des représentants du personnel doivent être reçus mercredi au ministère de l’économie, à Paris, par le délégué interministériel aux restructurations d’entreprises, ont annoncé les syndicats.