La Maison Blanche et les républicains veulent faire des élections de mi-mandat du 6 novembre une sorte de plébiscite pour Donald Trump, tandis que les démocrates espèrent obtenir la majorité à la Chambre des représentants. A partir du 3 septembre, le correspondant du Monde à Washington, Gilles Paris, recense quotidiennement les principaux éléments de la campagne.

  • Le fait du jour

Le Labour Day, jour férié aux Etats-Unis, marque traditionnellement le début de la campagne des midterms, les élections de mi-mandat, après une longue période préparatoire marquée par la majorité des primaires dans chacun des Etats américains.

Dimanche 2 septembre, le patron de l’AFL-CIO, une puissante centrale syndicale, Richard Trumka, invité de la chaîne Fox News, a porté un jugement sévère sur Donald Trump dont il partage pourtant les tentations protectionnistes. « Il a fait plus de mal que de bien aux travailleurs américains », a-t-il estimé, en déplorant la politique de dérégulation qui touche les conditions de travail ainsi que les modalités de paiement des heures supplémentaires.

Les critiques de M. Trumka visent un aspect du bilan d’étape du président, sur l’économie, qui lui vaut pourtant une majorité d’avis favorables compte tenu du faible taux de chômage. Les organisations syndicales, qui ont conduit des mouvements de grève victorieux dans l’éducation nationale cette année, considèrent cependant que cette bonne santé ne s’est pas accompagnée pour l’instant d’une hausse de salaires, alors que l’inflation a légèrement repris sous l’effet notamment de l’augmentation du prix des hydrocarbures. Pour les représentants syndicaux, qui soutiennent ordinairement le camp démocrate, cette bataille est stratégique pour reconquérir un électorat dont une partie a été séduite par le discours nationaliste de Donald Trump.

Même s’ils pèsent toujours moins dans le pays (selon le Pew Research Center), les syndicats jouissent d’une image positive (d’après l’institut Gallup) et leur mobilisation peut se révéler déterminante, comme on l’a vu à l’occasion d’une élection partielle en Pennsylvanie, dans un bastion perdu par les républicains en mars. Les syndicats de la fonction publique du Wisconsin devraient ainsi jouer un rôle déterminant dans une élection très disputée pour le poste de gouverneur.

Figure du Tea Party, l’aile droite républicaine, le sortant Scott Walker a assis sa popularité au niveau national en triomphant dans un référendum visant à le destituer en 2013 après l’imposition de mesures réduisant le poids de ces organisations. Il est donné pour l’instant perdant face à son adversaire démocrate. Symboliquement, un responsable syndical dans l’industrie, Randy Bryce, est en lice dans le même Etat pour le siège que va abandonner le speaker (président) de la Chambre des représentants, Paul Ryan.

  • La vidéo

Le clip de campagne de la candidate démocrate dans le 31e district du Texas, MJ Hegar, une ancienne combattante, a été vu 2,6 millions de fois depuis qu’elle l’a diffusé pendant la primaire de son parti. Intitulé « Doors », il symbolise l’engagement massif de femmes dans une campagne électorale, principalement dans le camp démocrate. Le 31e district du Texas est classé parmi les bastions républicains.

  • La citation

« Il veut transformer la Floride en Venezuela »

Le candidat républicain au poste de gouverneur de Floride, Ron DeSantis, multiplie les attaques verbales contre son adversaire démocrate Andrew Gillum depuis sa nomination, le 28 août. Après l’utilisation d’une formule qualifiée de raciste par le Parti démocrate de cet Etat, il s’en est pris aux orientations de gauche de cet Afro-Américain, maire de Tallahassee, la capitale de la Floride, qui a reçu le soutien de Bernie Sanders, candidat indépendant à la primaire démocrate de 2016.

  • L’infographie

A deux mois des midterms, le camp démocrate compte un peu plus de huit points d’avance dans les intentions de vote au niveau national sur le Grand Old Party (GOP, Parti républicain).

A titre de comparaison, le Parti républicain, alors dans l’opposition, était légèrement distancé (1,4 point) par les démocrates à la même période en 2014, avant de prendre l’avantage dans les dernières semaines précédant le scrutin (2,4 points).

  • Le chiffre

8

C’est le nombre de sièges au Sénat susceptibles de basculer le 6 novembre selon le Cook Political Report, un site consacré aux élections aux Etats-Unis. Parmi ces huit sièges, cinq sont démocrates et trois seulement républicains. Autrement dit, le GOP, grâce à un renouvellement partiel – un tiers des sièges – favorable, pourrait augmenter son étroite majorité actuelle (une voix) dans la haute assemblée. Une super-majorité de 60 voix, qui lui permettrait de contrer toutes les manœuvres d’obstruction de la minorité démocrate, semble en revanche hors de portée. Ce pouvoir de nuisance ne s’applique cependant qu’aux textes de loi depuis l’abaissement du seuil pour les nominations de juges, notamment à la Cour suprême.

  • A suivre

Les primaires pour les élections de mi-mandat se tiennent le 4 septembre dans le Massachusetts et le 6 dans le Delaware. Elles sont dépourvues d’enjeux nationaux. Cette saison d’élections internes doit se conclure le 13 septembre avec celles prévues l’Etat de New York, où le gouverneur démocrate sortant, Andrew Cuomo, donné largement favori, fait notamment face à l’actrice vedette de la série Sex and the City Cynthia Nixon.