Par Natacha Lefauconnier

La plate-forme Parcoursup est encore active jusqu’au 21 septembre. / Philippe Turpin / Photononstop / Philippe Turpin / Photononstop

Alors que pour bon nombre d’étudiants du supérieur la rentrée a eu lieu, comme dans le primaire et dans le secondaire, lundi 3 septembre, 52 028 bacheliers ou étudiants en réorientation attendent toujours une proposition d’admission sur Parcoursup, et 73 513 espèrent encore obtenir une meilleure formation que celle qu’ils ont acceptée.

Leur situation pourrait se débloquer dans les prochains jours. En effet, d’ici au 5 septembre, les formations qui avaient arrêté leurs inscriptions au 27 août doivent indiquer comme démissionnaires les candidats acceptés sur Parcoursup qui ne se sont pas inscrits ainsi que les étudiants absents le jour de la rentrée, conformément au décret du 18 mai. De quoi faire bouger, peu ou prou, les listes d’attente, en appelant les candidats suivants. Mais certaines formations ne seront pas concernées : « En Paces [première année commune aux études de santé], je ne vais pas faire l’appel en amphi lundi pour vérifier que les 1 314 appelés sont bien présents ! », s’exclame Frédéric Dardel, le président de l’université Paris-Descartes.

Les candidats ayant dit oui à une formation tout en conservant un ou plusieurs vœux en attente ont tout intérêt à s’inscrire dans ce cursus… sans renoncer à leurs autres demandes. Ce qui n’est pas possible partout : « A Paris-Descartes, nous demandons aux candidats qui veulent s’inscrire de se désister de leurs autres vœux », précise Frédéric Dardel. Même chose pour ceux qui s’inscrivent dans des formations hors Parcoursup, pour lesquelles il faut généralement fournir une attestation de désinscription de la plate-forme nationale.

8 000 formations proposées en phase complémentaire

Les chances d’obtenir une place dans le cadre de la phase principale sont cependant faibles : les vœux « en attente » formulés en mars s’effaceront dès qu’elle s’achèvera, à minuit dans la nuit du mercredi 5 au jeudi 6 septembre. Les candidats qui ne l’ont pas déjà fait ont donc tout intérêt à postuler au plus vite en phase complémentaire, ce qui est possible sans renoncer à ses vœux validés et en attente, où les places vacantes dans les formations sont proposées jusqu’au 20 septembre. Et ceux qui sont refusés partout ou en attente pour tous leurs vœux ont intérêt à saisir, en parallèle, la commission d’accès à l’enseignement supérieur (CAES) de leur académie, sur Parcoursup.

Filières sélectives sur Parcoursup : les craintes d’une rentrée décalée s’estompent

Si le ministère n’a pas de visibilité sur le nombre total de places offertes en procédure complémentaire, de nouvelles étant proposées et attribuées chaque jour, le choix de filières reste large. Au 3 septembre, plus de 8 000 formations sont répertoriées par le moteur de recherche sur la phase complémentaire, dont 1 800 licences (y compris en Paces et en Staps, à Nice, à Saint-Etienne, à Epinal…), 4 500 BTS, près de 500 DUT, autant de classes préparatoires, des centaines d’écoles (d’ingénieurs, de commerce, d’art…). Il est important de consulter, tous les matins, ce qui est proposé.

Possibilité de repostuler en licence

Les candidats refusés en phase principale dans une formation sélective ne peuvent pas la redemander en phase complémentaire, mais ils peuvent postuler à la même formation dans un autre établissement, ou alors dans le même établissement dans une autre formation. En revanche, il sera possible, dès le 6 septembre, de postuler en phase complémentaire dans une licence où l’on était resté en attente durant la phase principale. Des places pourront notamment se libérer une fois la date de rentrée de cette formation passée.

Le point de vue de Jules Donzelot, sociologue : Que répondre aux « desperate candidates » de Parcoursup ?

A savoir également pour les licences (hors doubles cursus) : les candidats déçus en phase principale, du fait de leur dossier ou de la priorité accordée aux jeunes de l’académie, auront autant de chances que tout autre candidat d’y obtenir une place en phase complémentaire : les premiers à faire leur demande seront les premiers servis ! « L’université a l’obligation d’accepter un candidat, quelle que soit son académie d’origine. Elle ne peut que formuler une réponse “oui” ou “oui-si” », confirme le ministère.

Quant aux commissions d’accès à l’enseignement supérieur (CAES), elles s’efforcent, dans chaque académie, d’aider les candidats refusés ou en attente pour tous leurs vœux à trouver une place correspondant à leur projet. Certains candidats se plaignent cependant de n’avoir été contactés que plusieurs semaines après en avoir fait la demande.

Pas de miracle : Parcoursup n’a pas réglé le principal problème de l’orientation postbac, à savoir le manque d’offre en adéquation avec les aspirations des candidats. La marge de manœuvre du recteur est parfois limitée… Mais lui seul peut proposer à des candidats refusés en BTS l’une des 2 000 places en « classe passerelle », créées pour cette rentrée : une année de mise à niveau, qui leur permettra d’avoir un meilleur dossier de candidature l’année prochaine.

Recours

Enfin, les candidats qui n’auraient pas été pris dans la formation de leur choix ont un mois, à compter de la notification de refus, pour demander à la formation de motiver cette décision administrative, et deux mois pour la contester, comme le stipule l’article D-612-1-14 du code de l’éducation, et ce, même s’ils ont accepté une autre proposition entre-temps. « Chaque candidat non admis dans une formation pourra envoyer une lettre recommandée au chef d’établissement, en lui demandant de motiver les raisons de sa non-inscription, notamment en précisant les critères et modalités d’examen du dossier », explique Me Jean Merlet-Bonnan, avocat spécialisé. Dans sa lettre, le candidat devra aussi inclure une demande expresse d’être inscrit dans la formation.

Si cette demande n’aboutit pas, une saisie du tribunal administratif pourra être envisagée, dans les deux mois suivants la première notification de refus. Trop tard, sans doute, pour intégrer une formation dont la rentrée aura eu lieu depuis plusieurs semaines. D’où la nécessité de trouver le moyen d’accélérer le processus d’affectation pour la prochaine session de Parcoursup, comme le demandent de nombreux responsables de formation.