En finir avec le numerus clausus et le concours de fin de première année commune aux études de santé (Paces) : c’est ce que prévoit la réforme de la formation des professionnels de santé que s’apprête à annoncer le gouvernement, selon des informations de Franceinfo, mercredi 5 septembre.

Une source proche du dossier, contactée par Le Monde, confirme que le président de la République devrait faire, mi-septembre, des annonces substantielles, qui donneront « une vision plus homogène des études de santé, au sens large ». Emmanuel Macron, durant la campagne présidentielle, avait jugé le numerus clausus, qui limite le nombre de places disponibles, « injuste et inefficace », et promis de former « davantage de praticiens » ; le premier ministre, Edouard Philippe, avait depuis annoncé une « réflexion sans tabou » sur la formation des personnels de santé, et en particulier sur le numerus clausus.

Au début de l’été, la mission de concertation conduite par le professeur Antoine Tesnière pour réformer la formation des professionnels de santé a remis des recommandations aux ministres de la santé et de l’enseignement supérieur. Parmi elles, la disparition des ECN, les épreuves classantes nationales de 6e année, que le gouvernement a d’ores et déjà reprise à son compte : il a annoncé début juillet que les ECN disparaîtront en 2019 au profit d’évaluations en fin de 5e et 6e années, qui porteront également sur les compétences cliniques et relationnelles des étudiants. Mais les préconisations de cette mission concernant le premier cycle d’études de santé n’ont pas filtré.

Capacités de formation saturées

« Nous attendons depuis des années une réforme de la Paces car la sélection se base uniquement sur les capacités des étudiants de première année à apprendre, et non à réfléchir », rappelle Clara Bonnavion, présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), qui se réjouit que le gouvernement passe aux actes. L’organisation prône une réforme « dans une optique de découverte des différentes pratiques et métiers de la santé ».

Reste à connaître précisément les arbitrages qui seront retenus. Pour remplacer le système actuel, plusieurs options seraient à l’étude, selon la présidente de l’ANEMF : aucun seuil fixé ; la création d’un numerus apertus, qui laisserait la liberté à chaque faculté de former autant de médecins qu’elle le décide au-dessus d’une limite basse fixée par le gouvernement ; ou encore « la fixation d’une fourchette haute et d’une fourchette basse d’étudiants à former », au niveau national.

« Il faut regarder de près les capacités de formation, prévient néanmoins Clara Bonnavion. Nous sommes déjà saturés dans les facs et dans nos stages. Avant d’augmenter le nombre d’étudiants formés, il est donc nécessaire de revoir les capacités d’accueil et les modalités de stage. »

Le concours remplacé par des partiels

Drastiquement abaissé entre les années 1970 et 1990, avec 3 500 étudiants formés par an, le numerus clausus de médecine a été progressivement remonté ensuite, atteignant aujourd’hui le nombre de 8 000. Clara Bonnavion souligne que compte tenu de la durée très longue de ces études, cette hausse ne produira ses effets qu’à partir de 2025. « Le gouvernement doit donc rester mesuré dans son idée d’augmenter encore le nombre de médecins », estime l’étudiante.

Quant à l’évaluation des étudiants, le concours de fin de Paces serait remplacé par de classiques partiels, selon Franceinfo, pour passer en 2e année de licence. Si un nombre de médecins à former était fixé, la sélection pourrait s’opérer en fin de 3e année de licence, mais « la question n’est pas encore tranchée », précise la radio publique.

Cet aspect n’est pas crucial, selon la présidente de l’ANEMF : « La question est : “Qu’est-ce qu’on met dans ces années-là ?”, et pas : “Quand sélectionne-t-on ?” Que la nouvelle sélection s’opère en 1re, 2e ou 3e, peu importe. Il faut réfléchir à la manière de rendre ces études plus humaines, d’y instaurer des oraux, des nouveaux enseignements en sciences humaines et des modalités d’évaluation différentes », plaide-t-elle.

La priorité est de « travailler sur le projet professionnel des étudiants en santé ». « Aujourd’hui, vous arrivez en 6e année sans avoir idée de ce que vous allez faire, illustre Clara Bonnavion. Il faut que cela change. »