Jean-Charles Valladont sera l’un des favoris des Mondiaux de tir en campagne à Cortina d’Ampezzo. / FFTA

Décocher une flèche en montée ou en descente sur un terrain accidenté en direction d’une cible dont on ignore à quelle distance elle se situe. Sortir du carcan de la discipline olympique – terrain plat et cible inamovible à 70 mètres – pour arpenter les sous-bois, les clairières ou les contreforts escarpés. Les présentations sont faites avec le tir en campagne, l’une des disciplines confidentielles du tir à l’arc. Le « field », comme l’appellent les Anglo-Saxons, organise ses championnats du monde du 5 au 9 septembre à Cortina d’Ampezzo, station de ski des Dolomites, plus habituée à recevoir l’afflux des skieurs que la visite de ces Robin des bois.

Parmi eux, le Français Jean-Charles Valladont, vice-champion olympique à Rio, est l’un des rares archers de l’élite à pratiquer le tir en campagne. Il en est devenu champion du monde en 2012, avant de prendre la médaille d’argent en 2014 puis la médaille de bronze en 2016. Cette année encore, il sera l’un des deux grands favoris en compagnie de son rival américain, Brady Ellison.

Le Franc-Comtois raconte ce qui est pour lui un retour aux sources. « J’ai appris à tirer à l’arc en faisant du field dans mon petit club de Torpes (Doubs), à côté de Besançon. Notre entraîneur avait mis en place un petit parcours de sept cibles derrière le terrain classique. Quand je suis parti en pôle France, j’ai oublié cette discipline. On était formaté pour les JO, se souvient-il, En 2012, après mon échec à se qualifier pour les Jeux de Londres, j’ai décidé de m’y remettre à fond. Six mois plus tard, j’étais champion du monde à Val-d’Isère. »

L'équipe de France 2015 de Tir en campagne en stage de préparation
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Une épreuve de tir en campagne aux championnats du monde comprend trois parcours : un premier, le plus ardu, où l’on tire 24 cibles en ignorant les distances, un deuxième où on les connaît cette fois-ci et enfin, après un cumul de points, une phase traditionnelle de duels entre archers termine la compétition.

Un couloir entre deux arbres

« Même si aucun obstacle ne peut se trouver sur la trajectoire, il y a beaucoup de jeux d’effet d’optique. La cible peut par exemple se situer dans un couloir entre deux arbres avec 80 cm pour que la flèche passe, raconte Jean-Charles Valladont, qui apprécie cette discipline. Je suis chasseur et je vais un peu à la chasse à l’arc, ça fait partie de mes passions. Le field me remet un peu dans ce contexte. On se promène dans les bois ou en montagne. C’est une petite échappatoire. »

Pour le vice-champion olympique, le tir en campagne est également idéal pour compléter sa formation d’archer. Il permet de développer sa polyvalence et son adaptation : « Ça reste du tir à l’arc, on fait le même geste mais dans des difficultés différentes. Cela permet de relativiser lorsque des fois on trouve qu’un terrain de la discipline olympique penche de quelques millimètres à droite… Celui qui a fait du field sera plus facilement à l’aise. »

Parent pauvre de ce sport, le tir en campagne ne compterait selon la Fédération française de tir à l’arc que 3 000 pratiquants sur ses 77 000 licenciés. Le champion Jean-Charles Valladont avance une explication terre à terre à ce relatif anonymat : « La place n’est pas un souci. Il y a toujours quelqu’un qui possède un bout de bois dans un village. Non, le souci c’est l’entretien, l’élagage. Il faut trouver les gens qui se chargent de maintenir le parcours en état. »

La vice-présidente Catherine Pellen, ancienne championne du monde de la discipline, estime qu’il y a environ 300 clubs français sur les plus de 1 600 qui proposent cette activité. « Ce n’est pas forcément promu de partout. Si vous êtes dans un club où personne n’a jamais tâté du field, c’est difficile, reconnaît-elle, ce n’est pas oublié à la fédération. Le tir en campagne est présent sur le site de la fédération. On tente d’en assurer la promotion par diverses actions même s’il y a certainement beaucoup de choses à faire encore. » La fédération peut en tout cas compter sur un ambassadeur de choix, son vice-champion olympique Jean-Charles Valladont.

Jean-Charles Valladont. / FFTA