Le président kényan, Uhuru Kenyatta à Londres, le 17 avril 2018. / DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Un homme d’affaires chinois a été arrêté au Kenya après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo où il compare les Kényans et leur président, Uhuru Kenyatta, à des « singes », a déclaré, jeudi 6 septembre, le service de l’immigration de Nairobi. Le ressortissant chinois, identifié comme Liu Jiaqi, va être expulsé. « Son permis de travail a été annulé et il va être expulsé pour racisme », a précisé l’immigration kényane sur son compte Twitter.

Dans une vidéo de deux minutes et demie partagée sur Twitter et d’autres réseaux sociaux, l’homme, qui semble se disputer avec un de ses employés, profère une série d’insultes racistes. « Tous, tous les Kényans… comme un singe, même Uhuru Kenyatta. Tous », l’entend-on dire.

Après la suggestion d’un employé de « rentrer en Chine », l’homme d’affaires réplique de plus belle en (mauvais) anglais : « Ce n’est pas ma place ici. Je n’aime pas cet endroit, des gens comme des singes, je n’aime pas leur parler, ça sent mauvais, et pauvres et stupides, et noirs. Je ne les aime pas. Pourquoi pas [comme] les Blancs, comme les Américains ? » Il ajoute ne rester au Kenya que parce que « l’argent est important ».

Des internautes ont réclamé qu’il soit poursuivi, et pas seulement expulsé du Kenya. Un porte-parole de l’ambassade de Chine au Kenya, Zhang Gang, a assuré à l’AFP que l’extrait vidéo date de juin. L’homme filmé « a déjà fait l’objet d’une sanction par sa société et s’est excusé auprès de son collègue kényan ». Les propos de cet homme « ne représentent pas l’opinion de la vaste majorité des Chinois », a tenu à ajouter la même source.

Cet épisode n’est pas sans rappeler le tollé qu’avait suscité, en 2017, une exposition dans un musée chinois, intitulée « This is Africa », dans laquelle le photographe Yu Huiping présentait une série de 150 clichés comparant les expressions faciales d’Africains à celles d’animaux – chimpanzés, babouins, lions ou girafes.

Descente de police

Ce n’est pas la première fois que des Chinois travaillant au Kenya sont accusés de racisme. Il y a trois ans, un petit restaurant chinois de Nairobi avait été fermé par les autorités et son propriétaire poursuivi pour refuser de servir les Noirs après 17 heures.

Cette année, ce sont des Kényans travaillant sur une nouvelle voie de chemin de fer construite par la Chine entre Mombasa et Nairobi qui ont accusé du personnel et des cadres chinois de racisme et discrimination. Le gouvernement a toutefois rejeté les accusations dans le cadre de cet important projet d’infrastructure de 3,2 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros).

L’incident impliquant l’homme d’affaires chinois survient au lendemain d’une descente de police au siège africain de la chaîne de télévision chinoise CGTN, à Nairobi, dans le cadre d’une opération visant les étrangers en situation irrégulière. Plusieurs journalistes ont été brièvement interpellés. L’ambassade de Chine a exprimé sa « préoccupation » après une série d’incidents où des Chinois en situation régulière ont été emmenés au poste de police pour des vérifications.

« L’ambassade de Chine au Kenya a protesté officiellement auprès des responsables kényans, et les personnes concernées ont toutes été libérées le jour même », a déclaré jeudi Hua Chunying, la porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères. « Le Kenya a reconnu des manières inadaptées en matière d’application de la loi et s’est excusé. Il a promis d’améliorer le comportement de ses agents de police sur le terrain afin d’éviter la répétition de ce genre de cas », a-t-elle ajouté au cours d’une conférence de presse à Pékin.