« J’étais en train de m’enfuir quand ils m’ont tiré dessus » : des enfants rohingya témoignent
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Les déportations de Rohingya relèvent-ils d’un crime contre l’humanité ? La question va pouvoir être tranchée, puisque la Cour pénale internationale (CPI) s’est déclarée, jeudi 6 septembre, compétente pour enquêter sur la déportation de la minorité musulmane en Birmanie.

Des enquêteurs de l’ONU avaient demandé fin août que la justice internationale poursuive le chef de l’armée birmane et cinq autres hauts gradés pour « génocide », « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre » à l’encontre des Rohingya. Des accusations rejetées en bloc par les autorités birmanes.

Plus de 700 000 réfugiés au Bangladesh

La requête était juridiquement complexe car la Birmanie n’est pas signataire du statut de Rome, traité fondateur de la CPI. Les juges internationaux pouvaient-ils dès lors juger une affaire qui se déroulait au sein d’un pays qui ne la reconnaissait pas ? La Cour, sise à La Haye (Pays-Bas), a jugé que oui, au motif qu’un « élément du crime, le passage d’une frontière, a eu lieu sur le territoire d’un Etat partie, le Bangladesh » – qui lui est partie au statut de Rome.

En 2017, plus de 700 000 Rohingya ont fui vers le pays voisin, face aux violences commises par les forces armées birmanes et des milices bouddhistes. Une répression qualifiée par l’ONU de « nettoyage ethnique », et même désormais de « génocide ».

Le gouvernement birman a refusé jeudi de commenter cette annonce, qui pourrait être cruciale dans ce conflit diplomatique qui place Rangoun au ban des nations, et ternit grandement l’image de sa présidente et Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi. La CPI va en effet pouvoir, si elle le souhaite, ouvrir une enquête pour faire la lumière sur le traitement des Rohingya.