Un stand de saucisses de Morteau, au Salon de l’agriculture, à Paris, en 2005. / JOEL ROBINE / AFP

Désireux de surfer sur la vague du « manger mieux », les investisseurs affichent un bel appétit pour les produits du terroir. A l’affût de ce « momentum », le champion européen de la gestion d’actifs Amundi va prendre, au côté de la société d’investissement MBO Partenaires, la majorité du capital d’Arcado, numéro un sur le marché français des saucisses de Morteau et de Montbéliard avec 60 % de parts de marché. Soit un investissement commun de quelque 30 millions d’euros dans ce petit groupe régional d’agroalimentaire, dont les saucisses bénéficient du label « indication géographique protégée », et qui vise un chiffre d’affaires de plus de 100 millions d’euros d’ici trois à cinq ans.

Pour Amundi, filiale du Crédit agricole, il s’agit d’« apporter des sources alternatives de financement aux entreprises de ce secteur, dont les perspectives de rendement sont très intéressantes ». Le groupe financier a en effet vocation à sortir du capital de la PME à un horizon de cinq à sept ans, avec l’objectif d’avoir au moins doublé sa mise à ce terme.

Issu d’une charcuterie artisanale créée en 1939, et installé à Avoudrey, dans le Doubs, le spécialiste de la saucisse fumée a connu une croissance rapide ces dernières années, en distribuant très largement ses saucisses franc-comtoises dans les linéaires des supermarchés. Mais aussi en misant à partir de 2012 sur une clientèle parisienne bobo, à grand renfort de campagnes publicitaires pour ses saucisses de Morteau placardées dans le métro, assorties de slogans un brin grivois – tels que « Vingt centimètres de pur bonheur » – qui à l’époque avaient fait le buzz.

« Nos partenaires chinois adorent »

L’entreprise de cochon fumé va utiliser cette injection de capital pour se développer, en acquérant d’autres petits producteurs de charcuterie et en sortant de ses frontières, avec notamment la Chine en ligne de mire. Amundi, qui a noué un joint-venture pour la distribution de son offre avec Agricultural Bank of China (ABC), pourra aider la PME de Franche-Comté à s’y implanter. « On a fait goûter ces saucisses à nos partenaires chinois, ils adorent ça ! », s’amuse Pedro Antonio Arias, directeur du pôle Actifs réels du gestionnaire d’actifs.

Cette nouvelle opération traduit l’intérêt croissant du groupe financier et de ses clients internationaux pour l’« agri-food » de qualité, « qui a particulièrement le vent en poupe depuis les Etats généraux de l’alimentation de l’an dernier », affirme Pedro Antonio Arias. Amundi veut lever en 2019 un fonds paneuropéen consacré à cette activité agroalimentaire, de 500 millions à 1 milliard d’euros.