Le marché oriental de Managua est d’ordinaire le plus populaire et le plus fréquenté de la capitale du Nicaragua. / OSWALDO RIVAS / REUTERS

Managua tournait au ralenti, vendredi 7 septembre. A l’appel de nombreux représentants de l’opposition politique, le secteur privé du Nicaragua s’est lancé dans une grève de vingt-quatre heures pour demander la libération de centaines de « prisonniers politiques » et la reprise du dialogue avec le gouvernement. La crise politique dans laquelle est plongée ce petit pays d’Amérique centrale a déjà causé la mort de plus de 320 personnes depuis avril.

Les rideaux de la majorité des 20 000 commerces et échoppes du marché oriental, le plus populaire et le plus fréquenté de Managua, étaient baissés vendredi matin et ses allées étaient quasi désertes. De même, la majorité des stations-service, des banques, des librairies et des centres commerciaux de la capitale étaient fermés.

« Le dialogue est l’unique voie »

En revanche, le trafic automobile semblait plus intense que lors des deux précédentes grèves de juin et juillets. Les services et entreprises publics, eux, n’ont pas arrêté le travail, tandis que beaucoup de commerçants sur la route au nord de Managua travaillaient normalement en invoquant leurs difficultés économiques.

« Le dialogue est l’unique voie » pour sortir de la crise qui secoue le pays, assure l’Alliance civique pour la justice et la démocratie, qui regroupe étudiants, entreprises, organisations de la société civile et des syndicats.

La crise a commencé le 18 avril par des manifestations contre un projet de réforme de la sécurité sociale aujourd’hui abandonné, qui se sont poursuivies pour demander le départ du président. Daniel Ortega, 72 ans, est accusé par ses opposants d’avoir mis en place une dictature marquée par la corruption et le népotisme avec son épouse et vice-présidente, Rosario Murillo. M. Ortega rétorque que le pouvoir du couple présidentiel est issu des urnes et accuse les Etats-Unis d’avoir fomenté la révolte.

Au moins 300 personnes sont poursuivies par la justice pour leur participation aux manifestations contre le gouvernement, dont 85 sont accusées de « terrorisme », selon le Haut Commissariat pour les droits de l’homme de l’ONU. Le dialogue sous les auspices de l’Eglise catholique entre le pouvoir et l’opposition est à l’arrêt depuis juin en raison de la répression des manifestations et du refus du gouvernement de discuter de la démocratisation du régime.

Le Nicaragua à bout de souffle après des mois de répression