Le Paris volley est au bord du dépôt de bilan. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

C’est un monument en péril du sport français. En situation de cessation de paiement, le Paris volley est sur le point de disparaître. En vingt ans, depuis la fusion entre le PUC (Paris université club) et le PSG, le club parisien a remporté la bagatelle de vingt titres, dont neuf championnats de France et quatre coupes d’Europe – notamment la plus prestigieuse, la Ligue des champions, en 2001. Sous peine de dépôt de bilan, le Paris volley doit trouver 300 000 euros d’ici à la fin de semaine. Autant dire que seul un miracle pourrait inverser une situation dramatique.

Les difficultés actuelles proviennent de « deux charges exceptionnelles » qui ont frappé le club, selon Michel Rougeyron, son président. La première remonte à juin 2017 et consiste en un rappel fiscal (depuis 2009) sur la location de la salle Charpy où le club s’entraîne. La deuxième est un redressement de l’Urssaf sur les quinze dernières années.

Première conséquence, en forme d’énorme coup dur, la DNCAG (direction nationale d’aide et de contrôle de gestion) avait déjà rétrogradé au printemps le club parisien de Ligue A en Ligue B.

Président de la Ligue nationale de volley, Alain Griguer confie son impuissance : « C’est une mauvaise nouvelle pour le volley français, qui a besoin d’un grand club à Paris. La DNCAG a soulevé des problèmes lors d’un contrôle. Cela fait un an que le club essaie de redresser la barre, mais il n’y est pas parvenu. »

La mairie de Paris se déclare impuissante

L’un des derniers espoirs du Paris volley s’est envolé lorsque la mairie de Paris, principal partenaire du club, a annoncé qu’elle ne pouvait pas se permettre de jouer les pompiers de service.

« Depuis vingt ans, le club bénéficie du soutien inconditionnel de la ville, qui lui a versé près de vingt millions d’euros, soit près de 80 % de son budget. Simplement, aujourd’hui, la situation budgétaire et comptable est extrêmement délicate, a expliqué, dans un entretien à L’Équipe, l’adjoint aux sports de la ville, Jean-François Martins. La mairie ne peut pas apporter son concours pour éponger les dettes. Politiquement, juridiquement et financièrement, il nous est impossible de verser 300 000 euros d’ici la fin de semaine. »

Une position qu’est bien forcé d’entériner Michel Rougeyron, mais qu’il a du mal à comprendre. « Quand Tours a eu des difficultés, ça s’est plus facilement arrangé avec leurs collectivités locales. L’adjoint dit, et il a raison, que la ville nous a aidés depuis vingt ans, toujours est-il que là, elle ne l’a pas fait, confie-t-il désabusé et las. On a passé des heures de tractations avec tout le monde. Il semble que l’on soit arrivé au bout du bout. Michel Samper, président du PUC omnisports, qui ne peut se résoudre à laisser tomber le volley, a écrit à Anne Hidalgo [la maire de Paris] mais on a peu d’espoir là-dessus. »

Reste encore la possibilité infime, aggravée par un laps de temps très court, de trouver des partenaires privés à la dernière seconde.

L’économie du volley français est très largement dépendante des collectivités publiques. Malgré la santé florissante de l’équipe de France (championne d’Europe en 2015, vainqueure en 2015 et 2017 de la Ligue mondiale, désormais rebaptisée Ligue des nations), les clubs ont du mal à obtenir leur indépendance.

« C’est difficile pour beaucoup de clubs sportifs mais, c’est certain, le volley a peut-être un peu plus de mal que d’autres. On a du mal à fidéliser le public et les partenaires », livre Alain Griguer.

Un constat que partage Franck Lafitte, international aux plus de cent sélections, qui devait entamer sa troisième saison dans la capitale : « On a la meilleure équipe de France de tous les temps, mais les instances dirigeantes de notre sport n’ont pas réussi à surfer sur la vague des titres et à tirer parti de cette belle vitrine. »

En 2016, le Paris volley était sacré champion de France. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

« Tous complètement sous le choc »

La situation a été très dure à encaisser pour Lafitte et ses coéquipiers, qui avaient tous accepté le challenge de remonter immédiatement parmi l’élite au terme de cette saison en deuxième division. « On savait que le club était en difficulté mais on ne pensait que ça allait aller jusque-là. On est tous complètement sous le choc depuis que le président est venu mardi nous annoncer la nouvelle. À l’origine, je suis venu ici pour gagner des titres », lâche le central de 2,03 m.

A l’image des autres joueurs sous contrat, son avenir est plus qu’incertain si cette issue se confirme. Franck Lafitte vient d’intégrer l’école de kinésithérapie à Saint-Maurice (Val-de-Marne), un cursus de quatre ans. Il bénéficie d’un logement de fonction, élément prépondérant pour sa reconversion : « Le cadre que j’avais posé pour ma fin de carrière tombe à l’eau, dit-il. Le club coule et on n’a plus de boulot, c’est vraiment dur à avaler. »

En cas de confirmation du dépôt de bilan, le PUC, qui détient les droits sportifs, récupérerait les équipes amateurs de l’entité Paris volley. Et c’est l’équipe réserve, actuellement en élite fédérale, équivalent du troisième échelon national, qui deviendrait l’équipe fanion.

A moyen terme, il y aurait la possibilité de remonter une autre association afin de retrouver le haut niveau. « C’est ce qu’a fait Poitiers en son temps. En tout cas, ça sera sans moi. Je me suis battu de longues années, je suis usé », a confié Michel Rougeyron.

Assister peut-être le même mois à la disparition de son club le plus titré et au premier titre de champion du monde de l’équipe de France — les Bleus figurent parmi les favoris de la compétition qui débute la semaine prochaine — le volley français ne serait pas à un paradoxe près !