Memphis Depay et Wesley Sneijder, jeudi 6 septembre à Amsterdam. / Peter Dejong / AP

Le football est fait de hauts et de bas. Et quand on a tutoyé les sommets, il arrive que le retour sur Terre soit encore plus dur. C’est en tout cas ce que sont en train de redécouvrir les Néerlandais.

Battus en prolongations de la finale de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud par l’Espagne, puis aux tirs au but en demi-finale de la Coupe du monde 2014 par l’Argentine (avant de prendre la troisième place quelques jours plus tard), les Pays-Bas ont regardé devant leur télévision l’Euro 2016 (qui comptait pourtant 24 équipes, comparé aux 16 habituelles) et la Coupe du monde 2018.

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce déclassement brutal, dans un pays pourtant habitué à "surperformer" par rapport à sa (petite) taille et sa population modeste (17 millions d’habitants) : « de mauvaises performances, une absence de chance, des problèmes hors du terrain, et le fait qu’il n’y ait pas de successeurs clairs à la génération qui a atteint ces sommets » étaient notamment pointés du doigt par le journaliste Peter Leijsten, dans The Guardian, en novembre 2017.

« Le pire match des Oranje depuis très longtemps »

Les mauvaises performances, ce sont sûrement celles à l’image de cette défaite 2-0 contre « une faible Bulgarie », en éliminatoires de la Coupe du monde 2018 : « Le pire match des Oranje depuis très longtemps. »

Qualifications Coupe du Monde 2018 - Bulgarie 2-0 Pays-Bas
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Le manque de chance, c’est ce but de la victoire qui semblait pourtant valable, mais finalement refusé à Bas Dost, contre la Suède au début des éliminatoires, c’est cette mauvaise relance de Lloris, qui offre deux points inespérés à la Suède, ou encore cet improbable carton suédois contre le Luxembourg (8-0), quelques jours après un nul miraculeux des Luxembourgeois contre la France (0-0), et qui empêchait tout retour néerlandais dans la course aux barrages.

HUGO LLORIS HORRIBLE MISTAKE COSTING FRANCE A GAME | SWEDEN 2:1 FRANCE
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Une nouvelle génération qui doit s’affirmer

Et puis, vient la question de la génération suivante. Arjen Robben, Rafael Van Der Vaart et plus récemment Wesley Sneijder ont tous dit adieu au maillot orange. Robin Van Persie, lui, n’a plus été appelé depuis un an et la défaite 4-0, contre la France. Mais la relève a beau être talentueuse (De Jong, Van Dijk, Strootman, Wijnaldum, Depay), elle ne semble pas avoir le niveau de la précédente.

« J’ai donné symboliquement mon maillot à Memphis Depay, a expliqué Wesley Sneijder, à l’issue de son dernier match avec les Pays-Bas, contre le Pérou (2-1), jeudi. Il a récupéré mon dernier maillot des Pays-Bas. Il a montré à tout le monde à quel point il est bon en ce moment. J’espère qu’il va continuer sur cette voie. C’est bien de l’avoir dans la sélection néerlandaise. »

Sans le vouloir, Wesley Sneijder a montré symboliquement la différence entre ces deux générations. Sans manquer de respect à l’attaquant lyonnais, auteur d’un doublé contre le Pérou, le niveau n’est pas tout à fait le même entre lui et son aîné. Quasiment au même âge, Sneijder était l’un des éléments clés d’un Inter Milan vainqueur du triplé championnat-coupe nationale-Ligue des champions, avant de s’incliner de justesse en finale de Coupe du monde, et était alors l’un des trois ou quatre meilleurs joueurs du monde.

« Ces joueurs (Arjen Robben, Wesley Sneijder…) que vous avez nommés sont d’un talent exceptionnel, mais les joueurs qu’on a maintenant ont aussi du talent, a essayé de relativiser Ronald Koeman, le sélectionneur néerlandais samedi. Toutefois le talent doit se développer donc on ne peut pas dire, pour l’instant, s’ils peuvent atteindre le même niveau. Mais avec du travail, le talent peut venir. »

Une histoire faite de hauts et de bas

Mais l’histoire de la sélection néerlandaise est faite de ces hauts très hauts, et de ces bas très bas. Jusqu’en 1974 (Coupe du monde à laquelle elle aurait dû ne pas participer), les Oranje n’avait jamais été plus loin qu’un huitième de finale de Coupe du monde. Et puis la génération emmenée par Cruyff et son football total sont arrivés, et les Néerlandais sont repartis de RFA et d’Argentine avec le titre peu envié de plus belle génération jamais récompensée avec la Hongrie de Puskas.

Dix ans plus tard, c’est la génération Gullit-Van Basten qui, après deux Coupes du monde et un Euro manqué, était allée chercher le premier (et seul) titre international néerlandais de l’histoire. La génération suivante aura beau marquer son temps, elle n’ira jamais plus loin que les demi-finales de la Coupe du monde 1998 et des Euro 2000 et 2004. Et puis, il y a eu un nouveau trou de quelques années, avant de retrouver le devant de la scène lors des Coupes du monde 2010 et 2014.

Certes, les Néerlandais n’avaient pas raté deux échéances internationales consécutives depuis le milieu des années 1980. Mais une fois de retour, les Oranje étaient allés chercher l’Euro 1988. Pour les Pays-Bas, qui ont très mal vécu ces absences, et pour la sélection de Ronald Koeman qui est à la recherche d’un nouveau souffle, la rédemption commence ce soir face aux champions du monde.