Cinq femmes, âgées de 21 à 41 ans, ont été renvoyées mercredi aux assises après l’attentat raté à la voiture piégée près de Notre-Dame de Paris en septembre 2016, apprend-on lundi 10 septembre. Il s’agit du premier dossier à être renvoyé aux assises parmi la vague d’attentats et de tentatives d’attentats islamistes qui ont fait 246 morts en France depuis 2015.

Ces cinq femmes sont accusées d’avoir voulu lancer des attaques en suivant les consignes, envoyées par des messageries cryptées, de Rachid Kassim, propagandiste du groupe Etat islamique (EI) également renvoyé pour complicité, bien que probablement tué en Irak en 2017.

Toutes sont poursuivies pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, selon une source proche du dossier au Monde. Certaines sont aussi poursuivies pour des tentatives d’assassinats terroristes et des complicités.

A leurs côtés, deux de leurs proches, dont un suspect de l’attentat de Magnanville, lors duquel un couple de policiers avait été tué, sont poursuivis pour non-dénonciation de crime terroriste, un délit entré dans la loi trois mois avant les faits.

Le portrait d’une des accusées : Sarah Hervouët, 23 ans, aspirante au martyre

Irruption des femmes dans le djihad français

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, après avoir envoyé des vidéos de revendication à Kassim, Inès Madani, alors âgée de 19 ans, et Ornella Gilligmann, une mère de famille de dix ans son ainée, tentaient d’enflammer avec une cigarette une Peugeot 607 remplie de six bonbonnes de gaz et aspergée de gasoil, qu’elles avaient garée devant des restaurants en face de la cathédrale.

« Seul un mauvais choix du carburant, difficilement inflammable, ce que manifestement elles ignoraient toutes les deux, a fait échec à leur tentative » dont le mode opératoire « augurait d’un carnage » sur les terrasses environnantes, notent les magistrats.

Sur les indications de Kassim, Inès Madani, en cavale, avait alors rejoint deux autres femmes radicalisées : Sarah Hervouët, 23 ans à l’époque et déjà connue des autorités pour ses velléités de départ pour la Syrie, et Amel Sakaou, mère de quatre enfants alors âgée de 39 ans. Toutes les trois sont accusées d’avoir projeté de nouvelles attaques.

Le 8 septembre, se sachant traquées par la police, elles avaient quitté précipitamment l’appartement où elles avaient trouvé refuge, armées de couteaux de cuisine. Sarah Hervouët avait blessé un policier du renseignement intérieur et Inès Madani menacé un autre, souhaitant « mourir en martyr ».

Cette affaire avait mis en lumière le passage en première ligne des femmes dans le djihad armé sur le territoire français.