Le temps d’une soirée, les supporteurs de l’équipe de France ont eu droit à une session de rattrapage : ils ont pu enfin fêter le titre de champion du monde, décroché le 15 juillet, en Russie, par les joueurs de Didier Deschamps. Huit semaines après ce sacre moscovite, les retrouvailles festives entre le public du Stade de France et les Tricolores ont eu lieu, dimanche 9 septembre, pour la réception des Pays-Bas, dans le cadre de la Ligue des nations. La victoire (2-1) obtenue face à des « Oranje » en pleine reconstruction a presque relevé de l’anecdote tant l’heure était aux célébrations et à la communion.

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Le passage express du bus des Bleus (douze minutes montre en main) sur les Champs-Elysées, le 16 juillet, avait déçu voire choqué la « France du football ». Le parallèle avec le raz-de-marée et la longue parade de 1998 était particulièrement cruel. Ce couac avait d’ailleurs scandalisé la plupart des joueurs de l’équipe de France, frustrés de ne pouvoir prolonger le bain de foule. Depuis, les langues se sont déliées.

La première salve est venue d’Antoine Griezmann, dans les colonnes de l’Equipe. « Quand on arrive sur les Champs-Elysées, on voit que c’est le délire et on se dit qu’il doit y avoir une scène qui nous attend au bout (à la place de la Concorde), avec présentation des joueurs et tout. Mais, une fois en bas, on tourne sur la gauche, a raconté l’attaquant des Bleus. Là, nous les joueurs, on s’est tous demandé : Mais c’est fini ? On nous a répondu : Il faut y aller, le président nous attend. On était tous déçus. On se disait : Non mais c’est n’importe quoi, on veut y retourner Je pense que cela a été mal géré. »

Un retour symbolique

Puis, le milieu Paul Pogba en a remis une couche dans le JDD : « La parade a été très courte, pour des raisons de sécurité d’après ce que j’ai compris. Ce sont des choses qu’on ne maîtrisait pas nous, les joueurs. On était tous dégoûtés de ne pas avoir savouré ce moment avec les supporters. »

Désireuse d’effacer le fiasco des Champs-Elysées, la Fédération française de football (FFF) a ainsi fait du retour des Bleus à Saint-Denis un événement symbolique. Tifos géants avec les deux étoiles représentées, bâche grand format à la gloire des « champions du monde » déployée sur la pelouse, Marseillaise chantée a cappella par le public dyonisien : les protégés de Didier Deschamps ont été accueillis comme des papes.

L’indigence du jeu proposé par la sélection néerlandaise, qui n’a plus disputé la moindre phase finale d’une compétition internationale depuis le Mondial brésilien de 2014, a
arrangé les affaires des Bleus. Un an après avoir inscrit son premier but en équipe de France contre eux, le phénomène Kylian Mbappé a encore mis au supplice les Bataves. A la réception d’un centre de Blaise Matuidi, l’attaquant du Paris-Saint-Germain a rapidement (14ème minute) ouvert la marque.

Queen et Magic System

L’égalisation de Ryan Babel (67ème) n’a pas plombé l’ambiance dans la mesure où Olivier Giroud a inscrit le but de la victoire (75ème). Muet depuis dix matchs en équipe de France, incapable de faire trembler les filets en Russie, l’attaquant de Chelsea a été longuement ovationné par le public de Saint-Denis.

Contrairement à d’habitude, les spectateurs du Stade de France n’ont pas quitté leur siège au coup de sifflet final. Sous les yeux de Noël Le Graët, le président de la FFF, les festivités pouvaient enfin commencer. Dans la pénombre, Didier Deschamps et son staff ont formé une haie d’honneur. Puis, les 23 champions du monde ont pénétré, un par un, sur la pelouse. « Merci », s’égosillaient les membres du groupe de supporteurs des « Irrésistibles français », massés en contrebas de l’enceinte.

Dernier à défiler, le capitaine et gardien Hugo Lloris, forfait pour la rencontre, a soulevé le trophée de la Coupe du monde tandis que ses coéquipiers reprenaient en cœur le refrain de « We are the champions » de Queen. Puis, le groupe Magic System a entonné son fameux tube « Magic in the air », devenu un hymne, une chanson porte-bonheur, lors de l’épopée russe des Bleus. Les joueurs pouvaient alors entamer leur tour d’honneur et prolonger, dans la liesse de Saint-Denis, l’état de grâce.

Les choses sérieuses reprendront, le 16 octobre, au Stade de France, avec la réception de l’Allemagne, en Ligue des nations. La parenthèse russe sera alors bel et bien refermée.