Gare Saint-Lazare, le 19 avril 2018. / CHRISTOPHE SIMON / AFP

Pour la première fois, le gouvernement va proposer au Parlement de voter une programmation des investissements de l’Etat dans les infrastructures de transport sur la durée du quinquennat, un peu comme il en existe dans le domaine militaire. Cette enveloppe financière s’élève à 13,4 milliards d’euros d’ici à 2022, en hausse de 40 % par rapport au quinquennat de François Hollande, puis à 14,3 milliards sur les cinq années suivantes. Au total ce sont 27,7 milliards d’euros qui seront consacrés à l’investissement dans les voies ferrées, routes et équipements de transport français pendant les dix prochaines années.

L’arbitrage – très attendu – a été présenté mardi 11 septembre par Elisabeth Borne, la ministre des transports, au Conseil d’orientation des infrastructures (COI), un collège d’experts présidé par l’ancien député socialiste et spécialiste ès transports, Philippe Duron. Le COI avait été créé en 2017 afin d’éclairer le gouvernement sur ses choix de dépenses en matière d’infrastructures de transport. La programmation financière sera l’un des chapitres de la vaste loi d’orientation des mobilités (LOM) qui sera présentée en conseil des ministres à la mi-octobre. La LOM viendra prendre le relais du texte équivalent précédent : la loi d’orientation des transports intérieurs (LOTI) datant de 1982.

Un principe fixé par le président de la République s’impose à ces choix budgétaires : la priorité est donnée, non aux grands programmes coûteux, mais aux transports du quotidien. Dans ce cadre, le gouvernement s’est donné cinq principaux axes d’investissement, au premier rang desquels figure, en tant que priorité des priorités, l’entretien et la régénération des réseaux, ferroviaires, routiers et fluviaux.

Des investissements en dessous des promesses faites

La route, en particulier, va bénéficier d’un effort substantiel, moins d’un mois après l’effondrement dramatique d’un viaduc autoroutier à Gênes. Les travaux d’entretien et de réfection du réseau routier national non concédé seront financés à hauteur de 880 millions d’euros en moyenne par an pendant les dix prochaines années, en hausse de 30 % par rapport à la décennie précédente.

Les autres priorités du gouvernement sont : la désaturation des nœuds ferroviaires à l’approche des gares des grandes villes pour favoriser le déplacement en train vers le centre des métropoles (2,6 milliards d’euros sur dix ans) ; l’accélération du désenclavement routier des villes moyennes et territoires ruraux (1 milliard) ; les transports en commun et les mobilités propres (1,2 milliard) ; le fret ferroviaire (2,3 milliards).

Si l’effort paraît substantiel, les choix pourraient malgré tout faire des déçus, car les 13,4 milliards investissements programmés sur le seul quinquennat en cours, restent très en dessous des diverses promesses faites dans les territoires par les gouvernements précédents, lesquelles coûteraient 18,5 milliards si elles étaient toutes tenues pendant cette période.

Il faut donc assumer 5 milliards d’euros d’écart. Une tâche à laquelle va devoir s’atteler Elisabeth Borne dans les semaines qui viennent. La ministre, qui affirme, malgré tout, ne pas renoncer aux projets de grandes liaisons interurbaines ferroviaires comme la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, rencontrera les présidents des régions pour établir avec eux un calendrier « réaliste et sincère » de la mise en œuvre de ces programmes, lesquels seront fatalement reportés dans le temps.