D'où vient la guerre de la coquille Saint-Jacques ?
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Après plusieurs semaines d’insultes, de jets de pierres et de collisions navales, les pêcheurs français et britanniques de coquilles Saint-Jacques étaient revenus à la table des négociations au sujet de la pêche en baie de Seine. Mais celles-ci ont finalement échoué, mercredi 12 septembre.

« C’est la fin de partie, on leur a fait une proposition hier soir [mardi] qui nous semblait déjà plus qu’honnête, c’était la proposition qu’on leur avait faite vendredi. On leur avait dit “jusqu’à midi, on veut une réponse” », a déploré auprès de l’Agence France-Presse Hubert Carré, responsable du Comité national des pêches. « C’est une position unanime de tous les représentants de professionnels. Maintenant c’est terminé, on ne se rassoit pas à une table des négociations », a ajouté M. Carré, selon qui les Britanniques n’ont pas répondu « parce qu’ils ont considéré que c’était un coup de bluff ».

Les deux camps avaient pourtant annoncé le 4 septembre avoir renouvelé l’accord qu’ils avaient trouvé en 2017 sur la pêche de la précieuse noix de Saint-Jacques dans la baie de Seine. Mais la rupture des négociations intervenue mercredi rend caduc cet accord, selon M. Carré. « C’est tout un modèle de gestion vertueux qui est remis en cause par l’attitude inflexible de nos collègues anglais vis-à-vis d’une ressource partagée », regrette le Comité national des pêches dans un communiqué diffusé mercredi soir.

Conflit autour des dates de pêche

Ce différend entre pêcheurs français et britanniques autour des coquilles Saint-Jacques est lié à la différence de réglementation entre les deux pays. En France, la coquille Saint-Jacques ne peut être pêchée que du 1er octobre au 15 mai. Mais les Britanniques et les Irlandais, eux, n’ont pas de dates imposées.

Pour encadrer leur activité et éviter les tensions, un accord, reconductible chaque année, a été conclu en 2013 entre Français et Britanniques pour que ces derniers respectent les mêmes dates de pêche. Mais il ne s’applique pas aux bateaux britanniques de moins de quinze mètres. Les Français demandent depuis plusieurs années que l’accord soit étendu à ces navires de moins de quinze mètres, sans succès.

Pour marquer leur mécontentement, ils ont refusé, cette année, de le signer. Les Britanniques sont donc venus pêcher plus tôt que les années précédentes, et avec de plus gros bateaux, qui ne sont pas autorisés d’habitude.

Dans ces négociations, les pêcheurs français avaient proposé en dédommagement de l’impossibilité de pêcher la coquille Saint-Jacques jusqu’à une certaine date, la possibilité de capturer 50 tonnes de cabillaud et 25 tonnes de soles, dans différentes zones, a indiqué Hubert Carré. Mais visiblement, cette contrepartie n’a pas plus aux pêcheurs britanniques.