Des enfants entrés illégalement sur le territoire états-unien arrivent au centre social de Phoenix, le 26 juillet. / MATT YORK / AP

C’est une mini-cité de tentes beiges octogonales, posées symétriquement dans la rocaille texane, à quelques kilomètres du Rio Grande. Sous les toiles du camp de Tornillo – la « vis », en espagnol –, les 1 200 lits rudimentaires ne suffisent plus à héberger les enfants migrants arrivés ces derniers mois illégalement sur le territoire américain. Le département de la santé des Etats-Unis a annoncé en début de semaine qu’il s’apprêtait à tripler les capacités d’accueil du lieu, à 3 800 lits.

Et pour cause : selon les informations du New York Times publiées jeudi 13 septembre, il n’y a jamais eu autant de mineurs isolés en détention dans le pays. Selon des nouveaux documents transmis au Congrès et auxquels le quotidien a eu accès, quelque 12 800 enfants étaient détenus au mois d’août sur le sol états-unien. En mai 2017, ils étaient 2 400.

« Tolérance zéro »

Le cas de certains de ces mineurs isolés avait été particulièrement médiatisé avant l’été. En vertu d’une politique de « tolérance zéro » face à l’immigration clandestine, instaurée au début de mai, plus de 2 300 mineurs avaient alors été séparés de leurs parents – parfois à plusieurs centaines de kilomètres – après leur traversée en famille de la frontière mexicaine.

Les vidéos montrant des bambins écartés de leurs parents par des officiers de police avaient provoqué un tollé, obligeant l’administration Trump, après plusieurs semaines d’indignation populaire, à revoir sa copie. En juin, un décret a interdit la séparation systématique des familles, et un juge fédéral de Californie a ordonné que toutes les familles « éligibles » soient réunies avant le 26 juillet.

Mais près de deux mois plus tard, la situation est loin d’être réglée. Si une large majorité des enfants séparés avant l’été ont pu effectivement retrouver leurs parents, selon les rapports officiels, le nombre de mineurs en détention n’a pas diminué pour autant.

Baisse du « sponsoring »

C’est que, selon le New York Times, la grande majorité des mineurs migrants détenus actuellement sur le sol états-unien « ont traversé la frontière seuls, sans leurs parents ». Or ces enfants – considérés par l’administration comme « non accompagnés » – étaient d’ordinaire placés sous la responsabilité de membres de la famille éloignée ou de proches amis qui vivaient déjà aux Etats-Unis. Une forme de « sponsoring », qui était acté après la validation du dossier par l’administration fédérale.

Mais « la complexification administrative et la peur d’une politique migratoire plus répressive ont dissuadé les familles et les proches des mineurs de constituer des dossiers », affirme le quotidien américain. L’administration Trump a en effet durci, en juin, les conditions de ces « sponsorings » de mineurs, allongeant les délais et obligeant notamment les volontaires à déposer leurs empreintes digitales, et à subir un examen approfondi de leur situation.

Officiellement, il s’agit selon l’administration d’« assurer la sécurité des mineurs sous leur responsabilité ». Mais les associations de défense des droits de l’homme dénoncent, elles, un nouveau tour de vis dans la politique migratoire du pays. A l’unisson, elles critiquent une situation qui rend les « migrants mineurs encore plus isolés face aux risques de trafic ».

Vers la fin de la règle des vingt jours

Pour la plupart, les migrants isolés sont des adolescents venus d’Amérique centrale. Ils sont actuellement répartis dans une centaine de centres sur le territoire américain, dont la majorité se trouvent dans le sud-ouest du pays, près de la frontière mexicaine. Depuis le mois de mai, ces installations sont remplies à près de 90 %, faisant craindre une saturation du système d’accueil.

D’autant que la situation pourrait encore empirer dans les mois à venir. L’administration Trump a en effet annoncé la semaine dernière qu’elle avait l’intention d’en finir avec le Flores Settlement Agreement, un accord qui date de 1997 et dont l’interprétation a conduit à limiter à vingt jours au maximum la durée de détention des migrants mineurs. L’annonce a suscité une levée de boucliers des défenseurs des droits de l’homme, qui ne veulent pas voir des mineurs détenus indéfiniment.

Etats-Unis : de nouvelles images du centre pour enfants migrants qui fait scandale
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