Après une tentative d’assassinat contre Guy Orsoni, dont le véhicule a été criblé de balles, le 13 septembre 2018 à Ajaccio. / PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Guy Orsoni, le fils de l’ex-dirigeant nationaliste corse Alain Orsoni, figure de l’histoire politique et clandestine insulaire, a été blessé par balles, jeudi 13 septembre, au cœur d’Ajaccio, lors d’une tentative d’assassinat. Selon sa mère, Frédérique Campana, par ailleurs avocate, jointe par Le Monde jeudi soir, il a été hospitalisé mais est hors de danger. Elle s’est refusée à commenter ces événements ou à esquisser des hypothèses sur l’origine de cette violence. L’affaire paraît néanmoins s’inscrire dans un contexte criminel mêlant contrôle de territoire et défense d’intérêts financiers. Le parquet d’Ajaccio s’est d’ailleurs rapidement dessaisi du dossier au profit de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille, compétente en matière de grande criminalité organisée.

Guy Orsoni a été visé, peu avant 10 heures, par deux hommes à moto, alors qu’il s’apprêtait à rentrer dans son 4 x 4 blindé Mercedes après avoir effectué des achats dans le quartier des Jardins de l’empereur sur les hauteurs d’Ajaccio. Il est parvenu à démarrer, et une course-poursuite s’est engagée dans les rues étroites de la ville, ce qui lui a permis d’échapper à ses agresseurs et de trouver refuge auprès de policiers non loin du tribunal. De nombreux impacts de balles d’arme automatique ont été relevés sur la voiture, dont l’une est parvenue à traverser une vitre et à le toucher au bras.

Possible riposte

Condamné, en 2015, pour association de malfaiteurs et mis en cause dans des affaires de trafic de stupéfiants, Guy Orsoni appartient, selon la justice, au milieu corse et aurait été la cible « d’un règlement de comptes » propre au grand banditisme, selon les termes du procureur d’Ajaccio, Eric Bouillard. La complexité des intrigues mafieuses locales interdit toute interprétation hâtive sur l’origine de cette tentative d’assassinat. Elle intervient trois semaines après l’assassinat, le 23 août, à 6 heures, d’un retraité de 67 ans, Jean Livrelli, au-dessus du village de Bastelica, en Corse-du-Sud, alors qu’il partait à la chasse.

Des questions se posaient dès jeudi soir, parmi les enquêteurs, sur l’existence d’un éventuel lien entre ces deux événements et d’une possible riposte. Il est apparu, en effet, aux yeux de la justice, que les deux tueurs de Bastelica se seraient vraisemblablement « mépris » car la victime aurait possédé le même véhicule que la cible supposée. Les gendarmes, depuis dessaisis au profit de la police judiciaire, ont entendu de nombreuses personnes dans ce dossier, dont Alain Lucchini, un ex-nationaliste reconverti dans les affaires qui vit non seulement à Bastelica mais avait aussi pour habitude d’emprunter chaque matin cette route avec le même type de voiture.

Il avait déjà fait l’objet d’une tentative d’assassinat, en décembre 2008, au volant de son 4 x 4 sur la rocade qui longe l’aéroport d’Ajaccio. Atteint aux jambes et à la hanche, il avait réussi à riposter avec son arme et à mettre en fuite ses tueurs. Interrogé, fin août, il a démenti être « en danger ». Les autorités ont relevé la présence, sur la commune de Bastelica, de onze véhicules quasiment identiques à celui de Jean Livrelli, le retraité tué par erreur.