La candidate démocrate et ancienne actrice Cynthia Nixon le 13 septembre à New York. / BRENDAN MCDERMID / REUTERS

Malgré les pronostics, elle y croit : l’actrice de « Sex and the City » Cynthia Nixon espère profiter de la vague anti-élite qui agite le camp démocrate pour détrôner jeudi le gouverneur de New York Andrew Cuomo, lors d’une des dernières primaires démocrates avant les élections de novembre.

Le dernier sondage, réalisé la semaine dernière par l’institut Siena College, était sans appel pour elle : M. Cuomo, 60 ans, aux commandes de l’Etat de New York depuis 2011 et fils du très respecté défunt gouverneur Mario Cuomo, y était donné gagnant avec 63 % des sondés prêts à voter pour lui, contre 22 % pour Cynthia Nixon, qui n’a jamais eu de mandat électif.

Mais l’actrice de 52 ans – qui, en cas de victoire, aurait de fortes chances de devenir gouverneur le 6 novembre, tant New York est un bastion démocrate – répète que les sondages ont ces dernières semaines manqué d’anticiper la victoire de plusieurs candidats du courant anti-élite, porté par beaucoup de femmes et de minorités. Et que la course est plus serrée qu’il n’y paraît. Quelle que soit l’issue du scrutin jeudi soir, l’actrice aura prouvé son sérieux et sa pugnacité tout au long de la campagne.

Courage salué

Militante depuis des années pour l’enseignement public et les droits LGBT, cette mère de trois enfants, qui a épousé une femme après avoir été mariée à un homme, a sillonné cet Etat grand comme la Grèce, prônant la légalisation de la marijuana récréative, la rénovation du métro new-yorkais, la gratuité de l’éducation, la baisse des prix du logement, une assurance-santé financée par l’Etat et une fiscalité alourdie pour les plus riches.

Jeudi matin, alors que les bureaux de vote étaient déjà ouverts, elle était devant la grande station de métro de Union Square, à encourager les gens en route pour leur travail à aller voter.

A Manhattan, plusieurs électeurs ont salué son courage face au puissant gouverneur sortant, qui brigue un troisième mandat avec l’appui du New York Times, même si l’influent quotidien a aussi pointé ses défauts. « On a besoin de changement. Je pense que Cuomo est un voyou (…) et qu’il n’est pas vraiment progressiste », a estimé Betsy Colucci, après avoir voté dans le quartier de l’Upper East Side. Mais d’autres dénonçaient l’inexpérience de l’actrice, grand argument de M. Cuomo. « On a déjà une personne complètement inexpérimentée à la Maison Blanche, pourquoi en mettre une autre à Albany ? », capitale de l’Etat de New York, a lancé Jack Buchanan, 87 ans.

Comme les autres candidats « anti-élite », Cynthia Nixon a rejeté tout financement de sa campagne par des entreprises.

Réseaux sociaux

Faute de pouvoir acheter des spots télévisés contrairement à son adversaire, elle s’est appuyée sur les réseaux sociaux pour faire passer ses messages et pousser les jeunes et les déçus de la politique à aller voter pour ces primaires.

Et elle n’a cessé d’attaquer son adversaire – l’un des gouverneurs les plus actifs face à Donald Trump – pour sa connivence avec Wall Street et les grands patrons, aux dépens des petites gens et des minorités censées former la base de l’électorat démocrate.

Si elle réussissait l’exploit de l’emporter, Cynthia Nixon emboîterait le pas à d’autres femmes ayant détrôné des barons démocrates lors de cette session de primaires, comme Alexandria Ocasio-Cortez, 28 ans, qui a remporté une victoire surprise pour le Congrès à New York.