Dans son nouveau spectacle, la chorégraphe Ola Maciejewska, 34 ans, utilise un appareil étrange, équipé de deux antennes, le thérémine, l’un des premiers instruments de musique électronique, créé à la fin des années 1910, que Cage utilisa. Sa particularité : réagir magnétiquement aux mouvements de ceux qui bougent autour de lui en produisant des sons entre le violon et la scie musicale.

« Ce qui m’intéresse, c’est la façon dont cet instrument qui crée une sorte de champ électrostatique devient une métaphore de l’espace, du champ sensible et empathique qui entoure chacun, explique la chorégraphe, qui a collaboré pour l’occasion avec Dorit Chrysler, fondatrice de la Theremin ­Society de New York. Danser autour, c’est comme pénétrer dans une zone réglée par un système d’alarme. »

Tissu virevoltant

Dance Concert est la quatrième pièce d’Ola Maciejewska depuis 2011. Celle qui a commencé ses apprentissages en Pologne par la danse classique, la gymnastique et le folklore à l’âge de 7 ans, avant de choisir plus tard la voie du contemporain à l’université d’Utrecht, aime se frotter à tous les styles.

Elle se déclare aussi très marquée par les arts visuels, l’architecture, le sport… « Mon background est changeant et ouvert, souligne-t-elle. J’ai toujours eu envie de tout découvrir et je m’ennuyais très vite : c’est pour cela sans doute que l’histoire de la danse a nourri mon vocabulaire. Elle est un de mes outils pour encore élargir ma curiosité. Sans compter que ma nostalgie pour le passé a aussi motivé cette fascination permanente»

En 2015, Bombyx Mori, trio présenté à la Ménagerie de verre, à Paris, la révélait dans une épatante relecture du travail de tissu virevoltant de Loïe Fuller (1869-1928), déjà présente dans sa pièce consacrée à la figure de l’Art nouveau intitulée Loïe Fuller : Research (2011). « Toutes mes pièces ont un point commun : j’y travaille toujours à partir ou avec un objet, poursuit Ola Maciejewska. C’est pour cela que j’ai eu envie de faire une recherche sur Loïe Fuller et ses robes. Elle est l’une des rares chorégraphes à avoir travaillé avec des matières. Je compte d’ailleurs bien remettre ce rapport aux objets au cœur de la danse. »

Autour du thérémine, Ola Maciejewska invite une ronde de fantômes : John Cage et Merce Cunningham, mais encore l’Allemande Mary Wigman (1886-1973), le Japonais Kazuo Ohno (1906-2010). Un bouquet d’univers contrastés réincarnés dans un même élan.

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Festival d’automne à Paris.