Eliud Kipchoge à l’arrivée du marathon de Berlin le 16 septembre. / FABRIZIO BENSCH / REUTERS

Dimanche 16 septembre, le Kényan Eliud Kipchoge a pulvérisé le record du monde du marathon, à Berlin (Allemagne) en parcourant les 42,195 km en 2 h 01 min 39 s Un exploit énorme puisqu’il a battu le précédent record de plus d’une minute – ce qui équivaut à une distance parcourue de 350 mètres.

Vous avez encore du mal à réaliser à quel point cet exploit est physiquement phénoménal ? Ses temps de passage à différentes « marques » de la course ont été soigneusement relevés : aux 100 m, aux 400 m, aux 1 500 m, aux 3 000 m… Avec les temps qu’il a affiché à ces points de repère, qui correspondent aussi à des distances d’épreuves officielles en athlétisme, comment Eliud Kipchoge se situe-t-il par rapport aux meilleures performances mondiales sur ces distances ?

  • 100 m, 200 m : Sur 100 m, Usain Bolt, l’homme le plus rapide du monde, avait parcouru la distance en 9 s 58 (record du 16 août 2009 à Berlin), quand Eliud Kipchoge a mis 17 s 30, en petite foulée. Idem sur 200 m, déroulés avec une régularité extrême puisque le Kényan a mis exactement deux fois plus de temps, soit 34 s 60, lorsque Usain Bolt avait mis 19 s 19 à Berlin le 20 août 2009.

  • 400 m : cette distance est courue comme un sprint par les professionnels. Le record a été établi lors de Jeux olympiques de Rio, le 15 août 2016, par le Sud-Africain Wayde Van Niekerk, en 43 s 03. Eliud Kipchoge a été enregistré dimanche à 69 s 19.

  • 800 m : le Kényan est certes encore un peu loin du record de la discipline, établi par son compatriote David Rudisha, en 1 mn 40 s 91 le 9 août 2012 à Londres. En revanche il frôle le record des championnats de France universitaires (2 mn 14 s 84), courus en salle entre le 30 mai et le 6 juin, puisque Eliud Kipchoge pointe à 2 mn 18 s et 39.

  • 1 000 m : le record appartient au Kényan Noah Ngeny, en 2 mn 11 s 96, le 5 septembre 1999 en Italie. Kipchoge est à 2 mn 52 s 98.

  • 1 500 m : le record du Marocain Hicham El Guerrouj est de 3 mn 26 s, le 14 juillet 1998 ; Eliud Kipchoge passe en 4 mn 19 s 47.

  • 2 000 m : toujours impossible d’approcher le Marocain El Guerrouj, à 4 mn 44 s 79 (Berlin le 7 septembre 1999), puisque Kipchoge est à 5 mn 46 s.

  • 5 000 m : avec 14 mn 24 s, le Kényan se rapproche enfin d’un record du monde… féminin, celui de l’Éthiopienne Tirunesh Dibaba qui a couvert le 6 juin 2008 les 5 000 m à Oslo en 14 min 11 s 15. « Il a épuisé son lièvre !, rappelle Dominique Chauvalier. Après 4,5 km, il avait largué tout le monde ! » Champion de France du semi-marathon, quadruple champion de France de cross-country et de marathon, l’athlète reconverti dans l’entraînement apprécie l’exploit.

  • 10 km : Eliud Kipchoge les a couverts en 29 mn 01 s, soit plus vite que le record féminin de Joyciline Jepkosgei (29 mn 43 s). « Sur 10 km aucun Français ne peut le suivre », estime Dominique Chauvalier. Kipchoge est tout près de Julien Wanders, recordman du 10 000 route en 28 mn 25 s !

  • 20 km : les 20 km de Paris ont été gagnés le 8 octobre 2017 par Collins Chebii en 58 mn 28 s ; un record à la portée du Kényan, puisqu’il a parcouru cette distance dimanche à Berlin en 57 mn 56 s.

  • Semi-marathon : « Eliud Kipchoge a parcouru la première moitié du marathon en 1 h 01 min 06 s, la seconde en 1 h 33 s, soit plus vite, en “Negative Split”, ce qui est très très rare. C’est l’idéal… », relève Jean-Charles Vauthier, traileur et médecin sur L’Infernale des Vosges. A titre de comparaison, le record de France du semi-marathon, établi par Julien Wanders le 11 février, est de 1 h 00 mn 9 s, soit seulement 27 secondes de moins que le second semi de Kipchoge !