Le roi Salman d’Arabie saoudite (au centre), entouré du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed (à droite) et du président érythréen Isaias Afwerki, à Jeddah, le 16 septembre 2018. / Handout / Reuters

L’Ethiopie et l’Erythrée ont signé dimanche 16 septembre en Arabie saoudite un accord consolidant leur réconciliation et renforçant « la sécurité et la stabilité dans la région » de la Corne de l’Afrique, ont indiqué des responsables. Les détails de ce nouvel accord signé dans la ville de Jeddah n’ont pas été divulgués, mais des sources proches du gouvernement saoudien affirment qu’il contribuera à consolider les relations entre les deux pays.

Présidée par le roi Salman d’Arabie saoudite, la cérémonie de signature s’est déroulée en présence de son fils, le prince héritier Mohamed Ben Salman, et du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. « L’accord de paix signé ce jour entre l’Ethiopie et l’Erythrée à Jeddah est un événement historique qui va contribuer au renforcement de la sécurité et de la stabilité dans la région », a affirmé sur Twitter le ministre saoudien des affaires étrangères, Adel Al-Jubeir.

Spectaculaire rapprochement

Le président érythréen Isaias Afwerki et le premier ministre éthiopien, le réformateur Abiy Ahmed, avaient officiellement mis fin le 9 juillet à un conflit frontalier qui a fait 80 000 morts entre 1998 et 2000, scellant un spectaculaire rapprochement opéré sous l’impulsion de M. Abiy, nommé en avril.

Le rapprochement s’est traduit notamment par la réouverture des ambassades à Asmara et Addis-Abeba, le rétablissement des liaisons aériennes, des relations commerciales et des lignes téléphoniques. Mardi 11 septembre, ils ont rouvert deux postes-frontières.

L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui disposent d’une base militaire dans le port stratégique d’Assab en Erythrée utilisée pour leurs opérations militaires au Yémen, ont contribué au rapprochement historique entre l’Ethiopie et l’Erythrée.

Ces deux pays du Golfe, qui entretiennent également des relations étroites avec l’Ethiopie, tentent de pacifier la région, signe de l’importance croissante que prêtent les pays du Golfe à l’Afrique orientale, alors qu’ils combattent au Yémen les rebelles houthis soutenus par l’Iran.

Des dizaines de navires transitent chaque jour par Bab-Al-Mandeb, détroit stratégique qui sépare la péninsule Arabique de la Corne de l’Afrique. Les rebelles yéménites ont lancé plusieurs attaques sur des navires dans la région.

« Vent d’espoir »

L’Arabie saoudite va aussi accueillir lundi et mardi des pourparlers entre les présidents de Djibouti et d’Erythrée, deux pays de la Corne de l’Afrique opposés de longue date par un différend frontalier, a déclaré à Jeddah le secrétaire général de l’ONU.

Les relations entre Djibouti et l’Erythrée s’étaient tendues après une incursion en avril 2008 de troupes érythréennes vers Ras Doumeira, un promontoire stratégique surplombant l’entrée de la mer Rouge au nord de Djibouti-Ville. Les deux pays s’étaient opposés à deux reprises en 1996 et 1999 pour cette zone.

Le ministre érythréen des affaires étrangères, Osman Saleh, a effectué le 6 septembre une visite surprise à son homologue djiboutien Mahamoud Ali Youssouf à Djibouti-Ville, en vue de normaliser les relations entre les deux pays. « Un vent d’espoir souffle sur la Corne de l’Afrique », a déclaré M. Guterres. « Cela fait partie d’une coopération plus étendue entre l’Arabie saoudite et les Emirats d’attirer la Corne de l’Afrique dans leur orbite, compte tenu de la guerre au Yémen notamment », souligne à l’AFP Theodore Karasik, analyste chez Gulf States Analytics.