Rachel Brosnahan, meilleure actrice pour « Mme Maisel, femme fabuleuse », lundi, à Los Angeles. / MIKE BLAKE / REUTERS

Les femmes peuvent-elles faire rire ? La question avait été (ironiquement) posée lors de l’annonce des présentateurs des 70e Emmy Awards, deux hommes, pour la septième fois consécutive – une curiosité à l’heure du mouvement #MeToo. Mais les votants aux « Oscars » de la télévision américaine ont tranché par la positive, lundi 17 septembre, à Los Angeles, en attribuant cinq statuettes à la comédie Mme Maisel, femme fabuleuse (The Marvelous Mrs. Maisel).

La série diffusée sur le service de streaming d’Amazon raconte, précisément, les aventures d’une femme au foyer trompée qui se lance dans la « stand up comedy » dans le New York des années 1950. Comme aux Golden Globes, en janvier, elle a été sacrée meilleure comédie et obtenu la statuette de la meilleure actrice (Rachel Brosnahan). Sont venus s’ajouter dimanche la meilleure actrice dans un second rôle (Alex Borstein), le meilleur scénario et la meilleure réalisation pour une comédie (Amy Sherman-Palladino, qui est également sa créatrice).

Elle prend le relais de La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale) qui, l’année dernière, mais dans la catégorie série dramatique, avait symbolisé cette parité de plus en plus forte à la télévision américaine. Cette année, la sombre fable dystopique repart bredouille, balayée par le retour de Game of Thrones (meilleure série, meilleur second rôle masculin pour Peter Dinklage). Tout comme, dans la catégorie comédie, Atlanta, du talentueux Donald Glover, qui avait été remarquée l’année précédente avec deux Emmys.

En incluant les Emmys techniques (Creative Arts Emmys), décernés la semaine précédente, Game of Thrones mène la danse, avec 9 statuettes, suivi de Mme Maisel, femme fabuleuse (8).

Les acteurs de "Game of Thrones"(meilleure série, meilleur second rôle masculin pour Peter Dinklage), à Los Angeles, le 17 septembre. / ROBYN BECK / AFP

Cérémonie sage

Et face à Elisabeth Moss, qui interprète l’héroïne de La Servante écarlate, gagnante en 2017, l’académie a préféré saisir la dernière chance qui lui était donnée de récompenser Claire Foy (pour son ultime saison dans le rôle de la reine Elisabeth II dans The Crown, qui a également été récompensée de la meilleure réalisation). Une dernière chance également saisie pour The Americans, la série sur des agents dormants du KGB aux Etats-Unis, qui s’est terminée cette année : meilleur scénario et meilleur acteur pour Matthew Rhys.

Enfin, ce n’était pas sa dernière chance, mais une récompense longtemps attendue : Henry Winkler, le « Fonzie » de Happy Days, a reçu un Emmy (second rôle dans la comédie Barry, une série sur un tueur à gages/acteur inédite en France), à la sixième tentative et quarante-deux ans après sa première nomination (elle a dit oui, heureusement, comme l’a souligné le comique et présentateur John Oliver).

Henry Winkler, le « Fonzie » de Happy Days, meilleur second rôle dans la comédie Barry, à Los Angeles, le 17 septembre. / MARIO ANZUONI / REUTERS

Pour le reste, la cérémonie a été bien sage et « inclusive », expression revenue plusieurs fois, avec plusieurs plaisanteries sur le mouvement #MeToo, qui a marqué la télévision autant que le cinéma américain. « Nous l’avons résolu ! » (le problème de diversité et de parité) a proclamé, sur un ton humoristique, la chanson d’ouverture. La demande en mariage surprise en direct par le réalisateur des Oscars de sa compagne a assuré la séquence émotion.

Les évocations de la politique et du président Donald Trump sont restées voilées : une allusion à la polémique de Charlottesville dans le discours d’introduction (lors des premiers Emmys, en 1949, « les choses étaient bien différentes : nous étions tous d’accord sur le fait que les nazis étaient mauvais »), un appel à voter par Rachel Brosnahan, ou encore le trait d’humour de la comique et présentatrice Samantha Bee : « Je regarde ce drame dystopique qui s’appelle Les Infos. J’en suis à la saison 9 000. Ils devraient changer l’acteur principal [Donald Trump], je préfère Robin Wright [de House of Cards]. »

Sur le terrain du rapport de force entre télévisions gratuites, payantes et plates-formes de streaming, c’est un match nul entre la chaîne payante HBO (Game of Thrones, Westworld, Barry) et l’omniprésent Netflix (The Crown, Black Mirror, Godless, Stranger Things) : 23 statuettes chacun. Netflix avait obtenu 112 nominations, contre 108 pour HBO.

Le palmarès complet

  • Meilleur acteur dans un second rôle (comédie) Henry Winkler (Barry)
  • Meilleure actrice dans un second rôle (comédie) Alex Borstein (The Marvelous Mrs. Maisel - La Fabuleuse Mme Maisel)
  • Meilleur scénario (comédie) Amy Sherman-Palladino, (The Marvelous Mrs. Maisel - La Fabuleuse Mme Maisel)
  • Meilleure réalisation (comédie) Amy Sherman-Palladino, (The Marvelous Mrs. Maisel - La Fabuleuse Mme Maisel)
  • Meilleure actrice dans une série, comédie Rachel Brosnahan (The Marvelous Mrs. Maisel - La Fabuleuse Mme Maisel)
  • Meilleur acteur dans une série, comédie Bill Hader (Barry)
  • Meilleur actrice dans un second rôle (mini-série ou téléfilm) Merritt Wever (Godless)
  • Meilleur acteur dans un second rôle (mini-série ou téléfilm) Jeff Daniels (Godless)
  • Meilleur scénario (mini-série, téléfilm) William Bridges, Charlie Brooker (USS Callister - Black Mirror)
  • Meilleure réalisation (mini-série ou téléfilm) Ryan Murphy (The Assassination Of Gianni Versace : American Crime Story)
  • Meilleure actrice dans une mini-série, téléfilm Regina King (Seven Seconds)
  • Meilleur acteur dans une mini-série, téléfilm Darren Criss (The Assassination of Gianni Versace : American Crime Story)
  • Meilleure scénario pour une émission de divertissement John Mulaney (John Mulaney : Kid Gorgeous At Radio City)
  • Meilleure réalisation pour une émission de divertissement Glenn Weiss (Oscars)
  • Meilleur acteur dans un second rôle (série dramatique) Peter Dinklage (Game of Thrones)
  • Meilleure actrice dans un second rôle (série dramatique) Thandie Newton (Westworld)
  • Meilleur scénario (série dramatique) Joel Fields et Joe Weisberg (The Americans)
  • Meilleure réalisation (série dramatique) Stephen Daldry (The Crown)
  • Meilleur acteur dans une série dramatique Matthew Rhys (The Americans)
  • Meilleure actrice dans une série dramatique Claire Foy (The Crown)
  • Meilleure compétition de téléréalité « Ru Paul’s Drag Race »
  • Meilleure émission de divertissement à sketchs « Saturday Night Live »
  • Meilleur émission de divertissement (talk-show) « Last Week Tonight with John Oliver »
  • Meilleure mini-série The Assassination of Gianni Versace : American Crime Story
  • Meilleure comédie The Marvelous Mrs. Maisel - La Fabuleuse Mme Maisel
  • Meilleure série dramatique Game of Thrones