Le président iranien, Hassan Rohani, à Téhéran, le 7 septembre 2018. / Kirill Kudryavtsev / AP

Depuis bientôt trois mois, il n’y a plus d’ambassadeur français à Téhéran. Le poste est pourtant crucial, alors que Paris tient à garder l’Iran dans l’accord de juillet 2015 mettant sous surveillance son programme nucléaire, malgré le retrait américain et le rétablissement par Washington des sanctions économiques. Un chargé d’affaires expédie certes les affaires courantes, mais depuis le départ de François Sénémaud, nommé en juin représentant personnel d’Emmanuel Macron pour la Syrie, il n’y a plus de véritable ambassadeur de plein droit.

Dans l’entourage du chef de l’Etat, on confirme que la nomination est toujours en suspens, sans reconnaître ouvertement de lien entre ce « gel » et le projet d’attentat déjoué fin juin contre un rassemblement de l’opposition iranienne, les Moudjahidin du peuple, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), près de Paris.

« Nous sommes en train de travailler ensemble pour éclaircir ce qu’il s’est passé autour de cet événement de Villepinte. Je ne dirais pas qu’il y a un lien direct entre les deux, mais Téhéran nous a promis des éléments objectifs qui permettront de poursuivre nos relations diplomatiques telles qu’elles existent aujourd’hui », précise un proche du chef de l’Etat, qui reconnaît ainsi implicitement et d’une façon très diplomatique que cette affaire pèse sur les relations entre les deux pays.

Maintenir le dialogue

Un couple d’origine iranienne avait été arrêté fin juin par la police belge alors qu’il transportait une petite quantité d’explosif. Soupçonné d’avoir guidé à distance les deux personnes, un diplomate iranien en Autriche avait été interpellé en Allemagne. D’où l’inquiétude à Paris sur un durcissement des autorités iraniennes ou d’une partie d’entre elles vis-à-vis de la France. Fin août, une note interne du Quai d’Orsay révélée par l’agence Reuters recommandait ainsi aux diplomates et aux fonctionnaires français de reporter d’éventuels voyages en Iran.

Emmanuel Macron n’en reste pas moins décidé à maintenir le dialogue, « y compris au plus haut niveau ». « Notre objectif, c’est que Téhéran reste dans l’accord nucléaire, donc il faut convaincre le président iranien que c’est dans l’intérêt de son pays, au-delà de notre intérêt collectif », rappelle-t-on à Paris, alors que le président français devrait rencontrer le président iranien, Hassan Rohani, le 25 septembre à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Ce devrait être aussi l’occasion de demander les éclaircissements préalables à la nomination d’un ambassadeur à Téhéran.