L’entraîneur du PSG, Thomas Tuchel, mardi 18 septembre, à Liverpool. / CARL RECINE / REUTERS

Le visage fermé, Thomas Tuchel pénètre sur la pelouse d’Anfield Road afin de réconforter ses joueurs, particulièrement abattus au coup de sifflet final. Le nouvel entraîneur allemand du Paris-Saint-Germain glisse un mot à chacun d’entre eux, puis regagne lentement les vestiaires du mythique stade de Liverpool. Mardi 18 septembre, le technicien de 45 ans a pu mesurer l’ampleur de la tâche qui l’attend en assistant à la défaite sur le fil (3-2) de son équipe contre les « Reds », en ouverture de la phase de poules de la Ligue des champions.

Recruté au printemps par les actionnaires du fonds Qatar Sports Investments (QSI), propriétaires du PSG depuis 2011, Tuchel conservera un souvenir amer de son baptême du feu européen avec sa formation. Le successeur du coach espagnol Unai Emery (2016-2018) a bien cru que ses protégés, revenus à égalité (2-2) à dix minutes du terme de la rencontre grâce à un but du prodige Kylian Mbappé, parviendraient à renverser Liverpool devant son public littéralement déchaîné. Tel un coup de fusil, la frappe du Brésilien Firmino a toutefois offert, dans les arrêts de jeu, la victoire au club anglais, quintuple vainqueur du tournoi (en 1977, 1978, 1981, 1984 et 2005) et finaliste malheureux de la précédente édition contre le Real Madrid.

Dans l’auditorium d’Anfield Road, Tuchel a surpris les journalistes en estimant que ce revers n’était « pas du tout logique ». « On n’a pas lâché, on a joué au courage », a-t-il déclaré. Poussés par leurs fervents supporteurs, dont le légendaire hymne You’ll never walk alone a résonné à maintes reprises au cours de la rencontre, les « Reds » ont pourtant donné l’impression d’être un cran au-dessus de Neymar et consorts.

Dans une atmosphère irrespirable, les Parisiens ont bien failli couler en première période, totalement désarçonnés par les combinaisons et le jeu en mouvement de Liverpool. La star égyptienne Mohamed Salah, bien secondée par l’ailier sénégalais Sadio Mané, a donné le tournis à la défense du PSG. Sous une nuée de sifflets, les « visiteurs » ont été menés rapidement au score (2-0), malgré les parades spectaculaires de leur gardien Alphonse Areola, décisif sur sa ligne.

Tuchel perd son bras de fer avec Klopp

Au bord du terrain, Tuchel n’a pas masqué sa nervosité. Réputé pour son tempérament volcanique, le quadragénaire s’en est souvent pris au quatrième arbitre, critiquant une décision litigieuse ou pointant un arrêt de jeu trop tardif. Pour son onzième match de Ligue des champions sur un banc de touche, le technicien a surtout perdu son bras de fer avec son charismatique compatriote Jürgen Klopp, 51 ans, passé comme lui par le Borussia Dortmund (2008-2015) et aux manettes des « Reds » depuis trois saisons.

Avec ses mimiques drolatiques et ses grands gestes de la main, le quinquagénaire a chauffé le public d’Anfield et remporté une bataille tactique face à son cadet et successeur au Borussia (2015-2017). « Tout s’est plutôt bien passé », a estimé Klopp, qui a hissé ses équipes trois fois en finale de Coupes d’Europe (en 2013 et 2018 en Ligue des champions, en 2016 en Ligue Europa) sans parvenir à atteindre le Graal.

Quart de finaliste de l’épreuve reine en 2017 avec le Borussia, Tuchel ne peut se prévaloir d’une telle expérience sur l’échiquier continental. A Liverpool, il a considéré que sa formation devait « encore s’améliorer, jouer un peu plus agressif » pour espérer se rapprocher des favoris du tournoi, dont le Real Madrid, triple tenant du titre et tombeur du PSG en huitièmes de finale la saison passée.

Depuis son banc, l’Allemand aura vu la star brésilienne Neymar s’enferrer dans des dribbles inutiles, son avant-centre uruguayen Edinson Cavani courir après des ballons irrattrapables et l’arrière gauche espagnol Bernat, l’une des rares recrues estivales, concéder un penalty en première période. Irritable, Tuchel n’a pas été très heureux dans ses choix dans la mesure où son défenseur central Marquinhos, repositionné au milieu de terrain, a semblé à la peine. Quant à l’ailier argentin Angel Di Maria, titularisé dans l’entrejeu, il a souffert face à des « Reds » tranchants et combatifs.

Quatrième défaite d’affilée pour le PSG en Ligue des champions

Avec son nouvel entraîneur, le club de la capitale s’est donc incliné pour la quatrième fois d’affilée en Ligue des champions, après ses défaites de la saison passée contre le Bayern Munich (3-1) et le Real Madrid (2-1, 3-1). Connu pour appuyer sur la corde sensible et galvaniser ses joueurs, le Bavarois est pourtant censé apporter une forme de maturité au PSG sur la scène européenne et lui permettre d’oublier ses déconvenues récentes, dont une humiliante élimination en huitièmes de finale lors de l’impensable « remontada » du FC Barcelone (victoire 6-1 après une défaite 4-0 à l’aller) en mars 2017.

Peu satisfait du recrutement effectué lors du marché estival des transferts, il est confronté à une équation budgétaire complexe. Et ce alors que le dossier parisien, classé sans suite en juin, devait être réexaminé mercredi 19 septembre, par la chambre de jugement de l’Instance de contrôle en charge du fair-play financier, ce mécanisme introduit en 2011 par l’Union des associations européennes de football et en vertu duquel les clubs du Vieux continent ne doivent pas dépenser plus qu’ils ne gagnent.

Leader incontesté du championnat de France, le PSG version Tuchel devra hisser son niveau de jeu lors de ses prochaines échéances européennes. Après la réception de l’Etoile rouge de Belgrade, le 3 octobre, le club de la capitale retrouvera une vieille connaissance, le 24 octobre, au Parc des princes. A savoir son ancien entraîneur (2012-2013) italien Carlo Ancelotti, qui compte plus de 150 matchs dirigés en Ligue des champions et téléguide désormais Naples. Autant dire un sacré rival pour Tuchel.