Soirée difficile pour RMC Sport. / Jon Candy / Flickr/CC

« Merci le site SFR. fr d’être indisponible. Merci RMC Sport d’être invisible. Merci le football de vous être vendu très cher à un marchand de téléphone, spécialiste de la friture, alors que les coupes d’Europe, c’est du gros poisson. »

Dans la soirée du mardi 18 septembre, l’ancien présentateur d’émission littéraire Bernard Pivot n’a pu réprimer un bon mot pour exprimer sa frustration devant les ratés de la nouvelle chaîne sportive phare du PAF français, et notamment son offre numérique défaillante. Et il était loin d’être le seul : durant le match Liverpool-Paris Saint Germain, RMC Sport s’est retrouvé en tête des sujets les plus discutés sur Twitter, souvent dans un langage bien moins fleuri.

Plantages, déconnexions, service inaccessible… Le service en streaming de SFR, qui s’est offert l’exclusivité et l’intégralité des droits de la Ligue des champions et de la Ligue Europa pour la bagatelle de 300 millions d’euros, a montré de nombreux signes de défaillances techniques, dont les journalistes du Monde ont également été témoins, au point de rapidement devenir un sujet de plaisanterie sur les réseaux sociaux.

« Juan Bernat, il doit être content que le match passe sur RMC Sport et pas sur une vraie chaîne que les gens regardent, sinon tout le monde aurait vu sa faute foireuse pour le péno le plus évident du monde », a ironisé le compte officiel du magazine So Foot. « ET L’OUVERTURE DU SCORE DE KYLIAN MBAPPÉ ! QUELLE FRAPPE ! #LIVPSG (De toutes façons personne peut voir le match, autant inventer) », s’est amusé à poster celui d’un site de pari – Mbappé n’avait pas marqué.

D’autres ont fait preuve de plus d’aigreur, comme le journaliste sportif Pierre Ménès. « Rien ne marche. Personne ne répond. Un grand merci à RMC Sport pour son professionnalisme », s’est-il plaint d’un ton cinglant. De son côté, le média en ligne Les Jours a lié ce lancement chaotique à la suppression de 5 000 postes au sein de la marque au carré rouge.

Contacté par Le Monde, le service de communication de SFR reconnaît le problème : « C’est la première grande soirée, il y a des difficultés sur la plateforme de l’application RMC Sport. Toutes les équipes techniques sont sur le pont. » Dans un communiqué diffusé dans la soirée, l’opérateur a présenté ses excuses et expliqué la situation par le « succès de l’offre » et l’afflux ces derniers jours de « plusieurs centaines de milliers de nouveaux clients ». Il a décidé d’offrir le premier mois d’abonnement.

Seuls les abonnés numériques concernés

Pour les néoabonnés à ce service, le plus cher pour une chaîne sportive (9 euros/mois pour les clients SFR mais 19 euros pour les autres), une amélioration du service sera rapidement exigée. Ces pépins n’ont fait que couronner un lancement déjà marqué par de nombreux témoignages d’hostilité de principe d’internautes déjà abonnés à Canal+ ou BeIN, et frustrés d’avoir à rajouter un nouvel abonnement pour pouvoir suivre l’intégralité des matchs des équipes françaises – onéreux et peu fiable, au final.

Sur les réseaux sociaux, la soirée s’est vite muée en partages de liens vers des sites de streaming illégaux. Pourtant, tous les spectateurs n’ont pas été frappés par des problèmes d’accès au service. La chaîne RMC Sport fonctionnait normalement pour les abonnés à SFR, et certains internautes rapportent ne pas avoir rencontré de problèmes majeurs, au contraire des clients numériques.

Les problèmes de serveurs saturés ne sont ni une exclusivité de RMC Sport, ni une première : l’application de Canal Plus, MyCanal, était déjà tristement célèbre pour être en souffrance les soirs de grosses affiches. Mais SFR s’est mis dans une situation plus complexe, sa chaîne sportive étant uniquement accessible en version streaming aux abonnés Free et Orange, faute d’accord entre les opérateurs concurrents.

En début de soirée, SFR a annoncé un rapprochement avec le groupe Canal +, mais qui ne concerne dans un premier temps que les abonnés à Canal Satellite. RMC Sport peut au moins se vanter d’avoir remis à la mode un autre type de multiplex. Une offre légale capricieuse sur un écran, un streaming illégal mais opérationnel sur un autre.