Sur une exploitation concédée au groupe malaisien Sime Darby, dans le nord-ouest du Liberia. / ANNE CHAON / AFP

Le groupe de travail de la société civile sur la réforme du droit de la terre au Liberia a salué un moment « historique » après la promulgation, mercredi 19 septembre, par le président George Weah d’une loi sur la propriété des terres. La réforme était attendue depuis des années dans ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest.

La législation antérieure, qui attribuait à l’Etat la propriété des terres ne faisant pas l’objet d’un titre privé – soit la majeure partie du pays –, a favorisé l’octroi de concessions à des sociétés privées, parfois pour plusieurs décennies, sans réelle consultation de la population.

Selon le nouveau texte, qui a connu un parcours parlementaire tortueux au cours des cinq dernières années, les communautés locales pourront dorénavant faire valoir leurs droits en avançant pour preuves des témoignages oraux, des cartes ou encore des contrats signés entre collectivités voisines. Un cadastre national de ces terres « communautaires » sera établi au cours des deux prochaines années, selon le texte signé par George Weah, ancienne légende du football, au pouvoir au Liberia depuis janvier.

« Nos parents pourront réclamer ce qui leur revient »

Seuls 10 % des terres d’une communauté pourront être considérés comme appartenant au domaine public et donc faire l’objet d’une concession à des sociétés privées. Le nouveau texte donne également un pouvoir accru aux populations locales pour définir les règles d’utilisation du sol à des fins agricoles ou de conservation de la nature.

La loi autorise par ailleurs pour la première fois des ressortissants étrangers, ainsi que des organisations caritatives ou des ONG, à acquérir des parcelles, à condition que celles-ci soient utilisées dans le but déclaré lors de l’achat. Dans le cas contraire, elles reviendront à l’ancien propriétaire.

« Les questions de la terre et de l’emploi ne peuvent être séparées. Si vous avez la terre mais pas de force de travail, vous avez un problème », a déclaré le président lors de la cérémonie de signature du texte, à Monrovia.

« Avec ce texte, nos parents pourront réclamer ce qui leur revient », s’est réjoui un responsable d’une communauté du sud-est du pays, Terrence Gibson, interrogé par l’AFP.

La question de la propriété de la terre, historiquement accaparée par l’élite « américano-libérienne » descendant d’esclaves affranchis qui domine le Liberia depuis la création de l’Etat en 1847, hante depuis des décennies ce pays pauvre. Les conflits sur ce sujet et sur l’accès aux ressources naturelles ont largement nourri la guerre civile qui a fait quelque 250 000 morts entre 1989 et 2003, et qui avait été déclenchée par la rébellion contre Samuel Doe, le premier président issu de la population locale, privée de droit de vote jusqu’en 1951.