Les Bleues visent un podium à Tenerife. / Jérémy Kergourlay/(CC BY-SA 4.0)

Cette année-là, le sherpa Tensing Norgay et l’alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary gravissent l’Everest pour la première fois, l’aviatrice américaine Jacqueline Cochran devient la première femme à franchir le mur du son, et l’équipe de France féminine de basket monte sur le podium du premier championnat du monde de l’histoire. Depuis cette médaille de bronze en 1953, plus rien. « A force que je répète cette date, tout le monde la connaît », sourit Valérie Garnier, l’entraîneuse de l’équipe de France, qui entame, samedi 22 septembre, le championnat du monde à Tenerife (Espagne). Une compétition mondiale que les Bleues abordent avec ambition.

« Notre objectif est clair, on vise un podium, assène la cadre Sandrine Gruda, mais ce ne sera pas aisé. » Par trois fois vice-championnes d’Europe (en 2013, 2015 et 2017), les Bleues aspirent à transformer l’essai au plus haut niveau mondial. « Lorsque vous êtes comme nous troisièmes au classement mondial et vices-championnes d’Europe, on ne peut pas se mentir, tout le monde a envie de continuer cette progression », abonde Jacques Commères, directeur de la performance et des équipes nationales à la Fédération française de basket (FFBB).

Mais le championnat du monde, qui se déroule cette année sur la plus grande île de l’archipel des Canaries, est une compétition à part. Et en dépit de bons résultats aux Jeux olympiques (2es à Londres, 4es à Rio), les Françaises, éliminées en quarts de finale de l’édition précédente par les futures vainqueures américaines, ne sont pas parvenues à y briller depuis 1953. « En sport collectif, les JO, ce n’est pas toujours la meilleure compétition sportive, analyse l’ancienne meneuse tricolore Yannick Souvré. Alors qu’aux championnats du monde, il n’y a que les meilleures joueuses du monde. » S’enchaînant en une courte semaine, le Mondial rassemble seize équipes compétitives, sport planétaire oblige.

Les Américaines en favorites

« L’immense différence avec l’Euro, c’est la présence des Etats-Unis, la meilleure nation du monde », énonce l’ancienne internationale Cathy Melain. A l’instar de leurs homologues masculins, les Américaines dominent le monde de la balle orange. Et les doubles tenantes du titre tenteront la passe de trois sur les flancs du pic de Teide, triplé qu’elles n’ont jamais réalisé. « Il y a également des pays qu’on a moins l’habitude de rencontrer, précise Melain, désormais entraîneuse à Basket Landes (en Ligue féminine de basket), comme les pays asiatiques. »

Samedi, les Bleues devront se méfier de la Corée du Sud (14 h 30, sur Canal+ Décalé) pour leur entrée en matière. « Les Coréennes pratiquent un basket inhabituel pour nous, et nos joueuses ne les croisent pas en club, souligne Jacques Commères, assistant-coach des Bleues aux JO 2000, où les Françaises avaient été surprises par les joueuses du pays du Matin calme en quarts de finale. En Europe, les joueuses se connaissent, donc ce match génère un facteur d’inconnues. »

Pour la première grande compétition depuis la retraite internationale de son emblématique leader, Céline Dumerc, Valérie Garnier a composé un groupe mêlant jeunesse – l’équipe dépasse à peine les 25 ans de moyenne d’âge – et expérience. « Cet effectif est très jeune mais elles ont des joueuses ayant vécu de grands événements, capables de transmettre leur expérience aux plus jeunes », relève Yannick Souvré. Et de citer les très capées Sandrine Gruda et Endy Miyem, qui seront « aptes à remettre [les jeunes] dans le droit chemin si elles devaient avoir une attitude pas conforme avec ce que le haut niveau exige ».

Innocence de la jeunesse ou inexpérience ?

« Avec les jeunes, il est important de pouvoir replacer le curseur sur la raison pour laquelle nous sommes là, confirme Sandrine Gruda, rencontrée lors du tournoi préparatoire de Paris. Ne pas regarder les médias, ne pas prêter attention au public… il faut être là sur le moment. Parce que quand on est jeune, on peut plus facilement se laisser distraire par tout ça. » « Il y a deux faces à cette jeunesse, souligne Cathy Melain. L’innocence, et le fait de ne pas se laisser perturber par les éléments, ou le manque d’expérience. A voir de quel côté elles vont pencher. »

Drivées par les flèches Marine Johannes et Olivia Epoupa (respectivement 23 et 24 ans), de plus en plus constantes sous la tunique bleue, les Françaises ont réussi une préparation probante, ponctuée de sept victoires en neuf rencontres – notamment contre le Canada, par deux fois, et l’Australie, autres candidats au podium.

Si l’Espagne, en début de préparation, et le mastodonte Etats-Unis, en toute fin, sont venues à bout des joueuses de Valérie Garnier, l’entraîneuse française s’est appuyée sur ces défaites pour « mettre le doigt sur des petits problèmes, et les travailler ». Et s’est félicité des « trois quart-temps “référence” » contre les Américaines, pour leur dernier match préparatoire, après deux mois de vie commune à « former un groupe qui vit bien sur le terrain comme en dehors ».

Opposées à la Corée (samedi), la Grèce (dimanche) et au Canada (mardi) en phase de groupe, les Bleues entament la compétition comme un sprint. « Si on veut aller loin, c’est bien de finir premier de la poule pour avoir un quart de finale abordable », estime Valérie Garnier, qui a orienté la préparation pour voir son équipe capable d’enchaîner les rencontres. « Tout dépend de la première phase, après, tout est jouable, confirme l’ancienne pépite des Bleues, dans les années 1980, Cathy Malfois. Et il y a une part de chance. » Celle d’éviter le chemin des Américaines en quarts de finale passe par une première place du groupe, et les Bleues le savent. « Le plus grand risque, c’est qu’on a passé deux mois de préparation, pour trois matchs, trois finales, insiste Jacques Commères. Il ne faut pas se rater. » Sous peine de voir la pénurie de podium mondial remontant à 1953 prolongée de quatre ans.

Championnat du monde féminin de basket

Les matchs des Bleues sont diffusés sur Canal + Décalé.

  • Samedi 22 septembre, 14 H 30

Corée du Sud - France

  • Dimanche 23 septembre, 18 H 30

France - Grèce

  • Mardi 25 septembre, 21 H 30

Canada - France