Affiche de l’édition 2018 de la Nuit Blanche. / MAIRIE DE PARIS

Ce n’était pas une conférence de presse de crise, organisée après le coup de théâtre du début de semaine marqué par la démission surprise du premier adjoint à la maire de Paris en charge de la culture, Bruno Julliard. Non, la présentation de la 17e Nuit Blanche, qui se déploiera dans la soirée du samedi 6 octobre dans la capitale, était bien programmée ce vendredi 21 septembre au Palais de la découverte en présence de la maire de Paris, Anne Hidalgo, de son adjoint à la culture et du directeur artistique de l’édition, le commissaire et critique d’art Gaël Charbau. Le casting prévu a simplement été l’occasion pour Christophe Girard de faire sa toute première apparition en tant que nouvel adjoint en charge de la culture.

« Il y a cinq jours, je n’avais pas idée que je serais là aujourd’hui », a d’emblée commenté l’élu de 62 ans, jusqu’ici adjoint au maire en charge des ressources humaines, et qui retrouve au pied levé des fonctions qu’il connaît parfaitement, pour avoir lui-même été le prédécesseur de Bruno Julliard sous les mandatures de Bertrand Delanoë, pendant onze années (2001-2012), et même porté l’élaboration de la toute première Nuit Blanche, en 2002.

« Une manifestation savante et populaire »

Malgré ce contexte quelque peu surréaliste, c’est donc avec décontraction qu’il a repris le costume de représentant du grand rendez-vous artistique et nocturne parisien. « Je n’ai aucune responsabilité dans le choix de Gaël Charbau, mais je dois dire que vous avez fait un bon choix », a-t-il déclaré. Sur cette programmation 2018 qu’il n’a pas accompagnée, il a simplement souhaité faire un « commentaire politique ».

Il s’est ainsi réjoui que cette nouvelle édition d’une « manifestation savante et populaire déclinée dans tant de villes à travers le monde » offre une déambulation sous le signe du « rêve et du lâcher-prise sur la société de consommation ». Il a également insisté sur la nécessité de confier la Nuit Blanche, qui « n’est pas une simple occupation de l’espace public », à un directeur artistique, avec une programmation « exigeante et audacieuse ». « Face aux violences du monde, au racisme, à l’antisémitisme, à une société de consommation violente qui laisse des citoyens un peu perdus », il a souhaité réaffirmer l’importance de la place de « la culture, du savoir et de la construction du sens critique » et le besoin de contrer une « simplification du monde ».

Un côté chaotique revendiqué

Du contenu de cette édition, qui ouvre traditionnellement le grand mois de l’art contemporain à Paris, avec la FIAC dans la foulée, on connaissait déjà les grandes lignes et ses quatre parcours – celui de l’Ile Saint-Louis, entièrement coupée à la circulation, les Invalides et son « Super Kilomètre », qui piétonise le kilomètre reliant ce quartier au Petit Palais, La Villette et la Porte Dorée. Gaël Charbau estime qu’enchaîner ces quatre « constellations », très espacées les unes des autres, sera « faisable, mais très dense ». Il a annoncé un total de 78 projets dans le « In », 50 projets satellites et 50 projets labellisés. Soit 178 projets proposés durant la nuit. « Une fourchette très haute » par rapport aux autres éditions.

Anne Hidalgo a évoqué une édition en écho aux « mouvements » de la capitale : « La Nuit Blanche est un récit de notre ville, de ses habitants, exigeants, indociles, insolents, créatifs, un récit collectif de ce que nous sommes ». Gaël Charbau en a souligné l’ambiance « tropicale », voire « Tropicool », faisant référence à une installation dans la gare de Lyon et à des performances dans certaines rames du métro de la ligne 1, qui se transformeront en serres nomades au cours de la nuit. Ce festival nocturne à travers la ville, dont le directeur artistique revendique le « côté chaotique », se clôturera dans le rocher du zoo de Vincennes, où le metteur en scène Philippe Quesne prépare une surprise sonore. A découvrir dans deux semaines.