Des membres des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) entourent l’un des leurs, blessé, après avoir pris le contrôle d’un camp du groupe d’origine ougandaise ADF, au Nord-Kivu, le 19 février 2018. / Goran Tomasevic / REUTERS

Au moins dix-huit personnes ont été tuées à Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), samedi 22 septembre au soir, dans une attaque attribuée par l’armée au « terrorisme » du groupe Forces démocratiques alliées (Allied Democratic Forces, ADF), d’origine ougandaise.

Quatorze civils et quatre militaires sont morts, a indiqué un porte-parole de l’armée dans la région, Mak Hazukai, qui parle également de neuf blessés. « Le territoire et la ville de Beni font face au terrorisme [des] ADF, dont la structure du commandement est tenue par les Ougandais », a-t-il ajouté.

Des travailleurs humanitaires étrangers se trouvent depuis le début du mois d’août dans cette ville du Nord-Kivu, touchée par une épidémie d’Ebola. En raison de l’attaque et de manifestations spontanées survenues dimanche 23 septembre à Beni, « les activités de terrain contre l’épidémie […] ont été suspendues » dans cette zone, selon un communiqué du ministère congolais de la santé. Cette mesure sera levée « dès que le calme sera revenu dans la ville », poursuit le texte.

Ville morte

Mystérieuse nébuleuse, les ADF sont tenus pour responsables de la mort de plus de sept cents civils à Beni et dans sa région depuis octobre 2014, ainsi que de celle de quinze casques bleus tanzaniens en décembre 2017.

Cette dernière attaque a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux, où certains Congolais dénoncent l’impuissance de l’armée et de la force de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), qui dispose d’une base à Beni.

« C’est une honte pour le gouvernement. C’est une honte pour la Monusco. Lundi, nous avons décidé d’observer une ville morte à Beni. Il n’y aura aucune activité, même les écoles seront fermées pour manifester notre colère », a déclaré à l’AFP Kizito Bin-Hangi, président de la société civile de Beni.

Des photos de victimes, dont une montrant une étudiante souriante, circulaient également, en plus de clichés où l’on voyait des flaques de sang frais.

« Il y avait des femmes et des enfants »

Selon plusieurs témoignages, l’attaque a été lancée à la tombée de la nuit, vers 18 h 30-19 heures (heure locale, soit 16 h 30-17 heures TU), sur un quartier de l’est de Beni, ville commerçante de plusieurs centaines de milliers d’habitants.

« Les assaillants étaient nombreux […]. Il y avait des femmes et des enfants. On a tiré sur une moto et les enfants des assaillants commençaient à crier. Les rebelles ont découpé les victimes à la machette », a relaté à l’AFPTV un témoin, Kasero Mumbi. Début septembre, après une précédente attaque attribuée aux ADF, un témoin avait déjà raconté à l’AFP que les assaillants venus de la forêt se déplaçaient avec femmes et enfants.

Des armes lourdes et légères ont été entendues jusqu’après minuit, d’après un médecin de l’hôpital général.

L’attaque a visé un quartier proche du centre-ville, contrairement aux autres qui se déroulent d’habitude dans le nord, sur la route de l’aéroport de Mavivi, à 10 km de là.

Les ADF vivent en communauté dans les forêts près de Beni, sans afficher ni leader ni revendication. Leur lien avec l’islamisme radical n’a jamais été prouvé. Historiquement, il s’agissait d’un groupe d’Ougandais musulmans qui s’était replié dans l’est du Congo à la fin des années 1990 pour lutter contre le président ougandais, Yoweri Museveni.