Vue de l’université de Bordeaux. / ANAKA/Université de Bordeaux via Campus

La tendance est à la hausse : le budget du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation augmentera de 549 millions d’euros en 2019, d’après le projet de loi de finances rendu public, lundi 24 septembre, pour atteindre 25,1 milliards. Soit une progression d’environ 2 % par rapport à l’année précédente. Dans cette enveloppe supplémentaire, 166 millions sont destinés aux établissements d’enseignement supérieur, ainsi que 7 millions d’euros sur la ligne budgétaire de la vie étudiante, et 376 millions seront, eux, alloués à la recherche.

Le gouvernement « confirme sa stratégie d’investissement dans les compétences de la jeunesse », peut-on lire dans le document de présentation du budget, et il « poursuit la finalisation de la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur, qui s’articule autour de Parcoursup et de la nouvelle licence ». Du côté des universités, 123 millions d’euros visent en effet à accompagner la mise en œuvre du « plan étudiant », c’est-à-dire la réforme de la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) votée en mars, selon le ministère de l’enseignement supérieur. 40 millions d’euros supplémentaires devraient également être dégagés, a-t-il fait savoir, grâce à une mise en réserve budgétaire moins importante que dans les autres ministères.

Cette progression est cependant jugée insuffisante par les principaux représentants du monde universitaire, au regard de la démographie étudiante et de l’ampleur de la réforme à mettre en œuvre. « On échappe à la catastrophe d’une baisse, comme c’est le cas à l’éducation nationale, mais on est loin du compte », réagit Franck Loureiro, secrétaire général adjoint du SGEN-CFDT, qui rappelle que la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche a évalué ses besoins à un milliard d’euros de plus par an. « Cette augmentation ne permettra pas de contenir la baisse des recrutements dans les organismes de recherche, ni la détérioration des conditions de travail et d’études dans l’enseignement supérieur », abonde Hervé Christofol, du Snesup-FSU.

Une hausse « en deçà des attentes et des besoins »

La Conférence des présidents d’université, qui soutient la loi ORE, se dit, elle aussi, inquiète de cette hausse « en deçà des attentes et des besoins », selon son président, Gilles Roussel. La simple progression de la masse salariale des universités, due à l’évolution de carrière de ses fonctionnaires, et l’indemnité compensatrice de la CSG à verser coûteraient à elles seules 100 millions d’euros l’an prochain, d’après cette instance. Sans compter qu’il faut des moyens pour faire face à la hausse du nombre d’étudiants — plus de 30 000 de plus sont attendus en cette rentrée — et financer les mesures prévues par la loi ORE (création d’emplois, formations nouvelles adaptées, reconnaissance de l’investissement pédagogique…), soit une enveloppe globale qu’elle estime à plus de 400 millions d’euros.

Année après année, la question budgétaire devient de plus en plus sensible dans l’enseignement supérieur, qui accueille entre 30 000 et 60 000 étudiants de plus à chaque rentrée, avec l’arrivée des enfants du boom démographique des années 2000. Le budget a le plus souvent stagné ces dernières années — hormis en 2017, avec 850 millions d’euros de plus (rabotés néanmoins de 331 millions en fin d’année) et en 2018, avec une augmentation de 700 millions d’euros pour l’enseignement supérieur et la recherche.

Ces premiers éléments du budget 2019 s’inscrivent par ailleurs dans un contexte particulier. La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, doit communiquer, mardi 25 septembre, le bilan de cette première année de mise en œuvre de la procédure d’admission Parcoursup, après un été marqué par des critiques sur la lenteur de la nouvelle plate-forme à affecter l’ensemble des candidats.

« A la clôture de la plate-forme, près de six cent mille candidats ont eu une affectation et moins de mille bacheliers restent encore en accompagnement par les rectorats », a déclaré Frédérique Vidal dans le Journal du dimanche du 23 septembre, sans préciser le nombre d’étudiants en réorientation considérés comme actifs et encore sans proposition de formation (ils étaient quatre mille au 5 septembre), ni celui des néobacheliers sans proposition considérés comme « inactifs » sur Parcoursup.