Une promotion dans un Intermarché de Liffré (Ille-et-Vilaine), en février. / DAMIEN MEYER / AFP

Si la future loi sur l’alimentation fait de nombreux déçus, les acteurs de la grande distribution, eux, se montrent plutôt satisfaits. A les entendre, le texte serait relativement fidèle à la philosophie souhaitée à l’origine : inverser le processus de construction des prix en partant d’une proposition du producteur, et encadrer les promotions pour redonner de la valeur aux biens alimentaires.

Des grands principes qui se révèlent toutefois complexes à mettre en pratique car la rédaction des ordonnances d’application, qui seront publiées en novembre, fait d’ores et déjà l’objet de tractations entre les industriels et les pouvoirs publics.

Les foires aux vins avec leurs offres exceptionnelles, les chapons bradés pour se débarrasser des stocks après les fêtes ou les bonnes affaires sur les fruits et légumes pour écouler les excès de production pourraient bien disparaître. « Est-ce que les événements exceptionnels seront intégrés ou pas dans l’encadrement des promotions ? », s’interroge Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Les parties prenantes discutent actuellement avec les pouvoirs publics de ces détails, qui n’en sont pas vraiment.

Discussions au sein des filières entre les différentes parties

D’autant que, si le gouvernement souhaite que l’encadrement des ristournes (les rabais seront limités à 34 % maximum, interdisant de fait les offres du type « un gratuit pour un acheté » sur les articles alimentaires) s’applique rapidement, ce ne sera pas le cas. En effet, les prix des prochaines promotions, notamment pour Noël, ont déjà été validés et les catalogues promotionnels des enseignes pour la fin de l’année sont déjà imprimés.

Les fournisseurs seront-ils alors moins sous pression de la grande distribution ? Cela reste à voir. Cette stratégie de prix cassé risque de se reporter sur les produits non alimentaires, qui ne sont pas concernés par la loi. Thierry Cotillard, le président d’Intermarché et de Netto, a été très explicite sur le plateau de l’émission « Capital », dimanche 16 septembre : il n’y aura « plus de promotions à 50 % sur tout ce qui est alimentaire », a-t-il souligné. « Ce sera plafonné à 34 %. Mais on reste des discounters. Donc ce sera sur la lessive et le shampoing qu’on fera des promotions très percutantes. »

Autre motif de satisfaction des distributeurs : les discussions mises en place en amont au sein des filières entre les différentes parties (producteurs, industriels, distributeurs). Ils ont déjà intégré les interprofessions des fruits et légumes frais, du bétail et des viandes, de la volaille et du miel – et bientôt celle du lait et des œufs. Un bon moyen pour eux de faire passer des messages sur les tendances d’achat des consommateurs en magasin… et de mettre la pression sur leurs fournisseurs, afin que ces derniers ne se montrent pas trop gourmands lorsqu’ils établissent leurs prix en vue des négociations commerciales. Dans certaines filières, le rassemblement de positions aussi diverses se révèle complexe.