Donald Trump, le 25 septembre à la tribune de l’ONU. / CARLOS BARRIA / REUTERS

Donald Trump avait à peine commencé son discours à la tribune des Nations unies, mardi 25 septembre, qu’il vantait déjà à gros traits son bilan, comparable « presque à aucun autre » par le passé. Un rire a alors parcouru l’assistance, qui a forcé le président des États-Unis à s’interrompre. « Je ne m’attendais pas à cette réaction, mais ça va », a-t-il reconnu dans un sourire.

Ce bref instant de détente a précédé un rappel impitoyable des fondamentaux du  « trumpisme » en matière de politique étrangère. A commencer par une charge virulente contre toute forme de multilatéralisme associée systématiquement au « globalisme », qui ne pourrait être que la négation de la « souveraineté » des Etats. Donald Trump avait défendu la centralité de cette dernière lors de sa première intervention dans le saint des saints de la coopération internationale. La présence à ses côtés d’un contempteur assumé des Nations unies, John Bolton, désormais conseiller à la sécurité nationale du président, n’a pu que renforcer sa défiance, manifeste dans le procès dressé contre la Cour pénale internationale, jugée dépourvue de « légitimité » et d’« autorité ».

La Corée du Nord épargnée, l’Iran vilipendé

Fort de l’unique boussole qu’il reconnaît suivre, la défense des intérêts des Etats-Unis, Donald Trump s’est montré magnanime à l’égard de la Corée du Nord, qu’il éreintait l’an passé pour ses essais nucléaires et balistiques. Même s’il n’est pas encore question de lever les sanctions imposées contre le régime, a-t-il dit, le président des Etats-Unis a dressé un tableau très optimiste du rapprochement esquissé à Singapour en juin. Il n’a pourtant produit pour l’instant aucun résultat concret à propos de l’objectif officiel d’une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » de ce pays. Le respect de la souveraineté nord-coréenne l’a sans doute incité à ne pas mentionner, contrairement à 2017, la situation des droits de l’homme dans cette dictature.

Un an plus tard, Téhéran a pris en fait la place de Pyongyang dans la ligne de mire de Donald Trump. Alors que les attaques américaines se concentraient sur le programme nucléaire nord-coréen, c’est plus globalement le rôle régional de l’Iran qu’il a stigmatisé. « Les dirigeants iraniens sèment le chaos, la mort et la destruction », « ils ne respectent ni leurs voisins, ni les frontières, ni les droits souverains des nations », a assuré le président des Etats-Unis avant d’inviter ses pairs à « isoler le régime iranien tant que son agression se poursuit » et de « soutenir le peuple iranien ».

Justifiant le retrait américain d’un accord bloquant les projets nucléaires iraniens pourtant autrement moins aboutis que ceux de Pyongyang, le président des Etats-Unis a promis un durcissement des sanctions pour faire plier le régime au pouvoir à Téhéran. Au-delà même de la réimposition des mesures prévue le 5 novembre. Donald Trump a ainsi évoqué des discussions « avec les pays qui importent du pétrole brut iranien pour qu’ils coupent substantiellement leurs achats ».

« Honorer nos droits souverains »

Limitant la coopération internationale à la défense des intérêts américains, le président des Etats-Unis a averti que son pays entendait limiter ses aides aux pays « qui ont nos intérêts à cœur » et à nos « amis ». Dans le même mouvement, il s’en est pris avec virulence à l’Organisation mondiale du commerce comme au cartel des pays producteurs de pétrole qu’il a accusé de faire monter artificiellement les prix, alors que ses sanctions contre l’Iran contribuent pour leur part aux tensions sur les marchés. A cette occasion, Donald Trump a réitéré antiennes vieilles de plus de trente sur le fardeau que constitue pour Washington la défense des pays du Golfe.

« Les Etats-Unis choisiront toujours l’indépendance et la coopération contre la gouvernance mondiale, le contrôle et la domination, a-t-il déclaré. Je respecte le droit de chaque nation dans cette salle de poursuivre ses propres coutumes, croyances et traditions. Les Etats-Unis ne vous diront pas comment vivre, travailler ou prier. Nous vous demandons seulement d’honorer nos droits souverains en retour. »

Ce monde clos est-il taillé pour les défis transnationaux ? Donald Trump est convaincu qu’il est en mesure d’empêcher les migrations, la place des candidats au départ, quelles que soient les circonstances, étant selon lui chez eux. Il a évité par ailleurs de soumettre sa vision du monde à l’épreuve des défis de l’environnement en se gardant de les mentionner une seule fois.

Les menaces de sanctions secondaires contre des alliés de Washington à propos de leurs liens commerciaux avec l’Iran, celles appliquées la semaine dernière à la Chine après des achats d’armes en Russie, attestent pourtant du caractère particulièrement extensif de la souveraineté américaine défendue mardi par Donald Trump. Au point que « l’Amérique d’abord », son credo de campagne, fait finalement assez peu de cas de celle des autres.