L’acteur Bill Cosby à son arrivée au tribunal de Norristown, en Pennsylvanie, le 25 septembre 2018. / BRENDAN MCDERMID

L’acteur américain Bill Cosby a été condamné par un juge de Pennsylvanie, mardi 25 septembre, à un maximum de dix ans de prison pour agression sexuelle. Le comédien de 81 ans, qui devra exécuter sa peine à l’isolement, n’a pas réagi au prononcé de sa peine.

Bill Cosby pourra former une demande de libération conditionnelle au bout de trois ans de prison. Si sa requête, examinée par une commission spéciale, est rejetée, il pourra la renouveler et passera dix années au maximum en prison.

Le principal avocat du créateur et héros du « Cosby Show » a aussitôt dit qu’il ferait appel et a demandé que son client soit laissé en liberté dans l’attente d’un second jugement. Une demande rejetée par le magistrat, pour qui le comédien peut être « un danger pour la communauté ». Immédiatement après, Bill Cosby est sorti menotté de la salle d’audience, en bras de chemise et portant ses célèbres bretelles.

Avant le prononcé de la peine, la défense avait déposé un recours pour demander que Bill Cosby puisse effectuer sa peine assigné à résidence, mais le ministère public a répondu que le condamné n’était pas éligible à cette forme d’aménagement de la sentence.

Cette peine de trois à dix ans est sensiblement inférieure aux trente années de réclusion criminelle qu’encourait Bill Cosby. Les trois chefs d’accusation ayant été réunis en un seul, l’octogénaire n’encourait plus, au maximum, que dix ans de prison.

Accusations de plus de soixante femmes

Même si l’acteur fera sans doute faire appel, c’est une étape de plus dans la descente aux enfers qu’il connaît depuis 2014.

Respecté, adulé même par certains, primé, bardé de diplômes honorifiques, riche, il y a encore trois ans, Bill Cosby demeurait l’une des figures morales les plus importantes de la communauté noire aux Etats-Unis. Depuis, plus de soixante femmes sont sorties de leur silence pour raconter les agressions sexuelles commises, selon elles, par le « père de l’Amérique », entré dans les foyers du monde entier en 1984 sous le nom de Cliff Huxtable, patriarche du « Cosby Show ».

Les faits allégués étaient anciens et un seul dossier, passé lui-même à un cheveu de la prescription, a fait l’objet de poursuites pénales, celui d’Andrea Constand.

Sous la pluie, mardi matin, ils n’étaient plus que deux à l’extérieur du tribunal pour encourager Bill Cosby, qui a disparu des écrans télévisuels avec la déprogrammation systématique des rediffusions du « Cosby Show » aux Etats-Unis. Comme un dernier baroud, William Henry Cosby Jr, souriant, avait levé ostensiblement le menton lorsqu’un supporteur lui a crié : « Garde la tête haute, Bill ! »

Cette peine est un premier jalon d’importance pour les mouvements #MeToo et Time’s Up, même si Bill Cosby a été inculpé en décembre 2015, deux ans avant l’éclatement de l’affaire Weinstein.