Ils ont des points communs. Sexagénaires, ils enflamment les jeunes, personnifient la renaissance de la gauche de la gauche et détestent les médias. Ils sont aussi très différents : Jeremy Corbyn est un orateur plutôt soporifique alors que Jean-Luc Mélenchon aime les effets de manche. Le Britannique dirige l’opposition (40 % des voix aux législatives) et pourrait entrer à Downing Street si la crise du Brexit fait tomber Theresa May. Le Français cherche son second souffle après la présidentielle (19,58 %). Les deux hommes de gauche se sont rencontrés lundi 24 septembre en marge du congrès travailliste de Liverpool.

A sa sortie, M. Mélenchon affirme être venu pour « recréer des liens internationaux », et ne dit rien sur le contenu de leur conversation, si ce n’est qu’elle a eu lieu… en espagnol, langue commune de ces deux zélateurs des révolutions sud-américaines. « Lui et moi avons résisté dans la durée et nous sommes devenus le point d’appui de la génération suivante. (…) L’un d’entre nous va bien arriver à gagner les élections générales », glisse le député de La France insoumise. Tandis que Jeremy Corbyn a conquis le Labour dans un pays dont le système politique écrase les petits partis, M. Mélenchon reconnaît que sa trajectoire aurait été impossible « sans le système électoral présidentiel ».

Accueil de star

Le soir, lors d’une conférence lue en français, le chef de La France insoumise a eu droit à un accueil de star de la part des militants de Momentum, le courant Labour pro Corbyn. « Le moment est venu de coordonner nos résistances contre la barbarie néolibérale », a-t-il lancé, déclenchant des vagues de « Oh Jenne Liouc Meleenchonne », sur le même air chaloupé que les « Oh Jeremy Cooorbyn », hymne des Corbynistes.

Le chef des Insoumis ne parle pas anglais mais il a des idées sur le Brexit : « Le vote a eu lieu, la décision a été prise. Que le Royaume-Uni quitte l’UE, cela m’est indifférent. » Il estime que le « chaos du Brexit » est une invention de la presse et tranche : « Les Britanniques ont voté pour reprendre le contrôle de leur existence que l’UE leur interdit. Ils ne se sont pas trompés. Il leur reste à le gagner. » Heureusement que le camarade Corbyn, dont les congressistes réclament massivement un nouveau vote pour sortir du bourbier du Brexit, ne comprend pas le français.