A Buenos Aires, le 25 septembre. / MARCOS BRINDICCI / REUTERS

A la surprise générale, l’Argentine a changé mardi 25 septembre de gouverneur de sa Banque centrale, un signal en direction du Fonds monétaire international (FMI) avec lequel un accord pour renforcer le plan de sortie de crise semble imminent.

« J’ai eu un très bon rendez-vous avec le président Macri », a annoncé en fin de journée depuis New York la directrice du FMI Christine Lagarde, dans un tweet. « Nous sommes proches de la ligne d’arrivée », a-t-elle ajouté à propos de la révision d’un accord conclu en juin, qui porte sur un prêt de 50 milliards de dollars sur trois ans et dont Buenos Aires demande le réaménagement.

« Si tout va bien, demain [mercredi] après-midi nous devrions être en mesure d’annoncer l’accord », a déclaré, de son côté, le ministre de l’économie argentin, Nicolas Dujovne. Selon le président Mauricio Macri, l’accord avec le Fonds doit permettre de dissiper « les doutes sur la capacité de financement » de son pays. « Ce que nous allons annoncer, c’est davantage de soutien, ce qui veut dire davantage de confiance », a déclaré M. Macri en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.

« Macri le sacrifie sur l’autel du FMI »

A Buenos Aires, le 25 septembre. / EITAN ABRAMOVICH / AFP

Le pays sud-américain était de nouveau paralysé mardi par une grève générale très suivie : aucun transport en commun, administrations fermées, avenues de la capitale anormalement calmes. La plupart des commerces avaient baissé leur rideau et tous les vols étaient annulés dans les aéroports, faute de contrôleurs aériens.

Dans le même temps, le gouverneur de la Banque centrale de la république d’Argentine (BCRA), Luis Caputo, a démissionné après seulement trois mois à son poste. Une décision prise « pour des raisons personnelles », selon le communiqué officiel de l’institution. Cette annonce a provoqué une réaction négative sur le marché des changes à Buenos Aires : le peso perdant 2,2 %.

« Macri le sacrifie à New York sur l’autel du FMI car il a commis le péché d’intervenir sur le marché des changes sans autorisation. Désormais, les fonctionnaires sont obéissants à un FMI, qui a un contrôle total de la politique économique », juge Alejandro Vanoli, gouverneur de la BCRA pendant le mandat de l’ex-présidente de gauche Cristina Kirchner.

En 2018, inflation au-dessus de 40 %

Le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Guido Sandleris, jusqu’ici vice-ministre de l’économie, est un proche de Nicolas Dujovne que le Fonds connaît bien : c’est lui qui a mené les négociations techniques qui ont abouti à l’accord de juin. « Nous espérons poursuivre notre relation étroite et constructive avec la BCRA sous la direction de Guido Sandleris », a d’ailleurs déclaré le porte-parole de l’institution mondiale Gerry Rice.

Dans la rue, les manifestants dénonçaient, eux, l’alignement de l’Argentine sur les politiques du FMI. L’économie du pays est en difficulté et le pouvoir d’achat des 41 millions d’Argentins a considérablement baissé. En 2018, l’inflation se situera au-dessus de 40 %, le recul du PIB atteindra 2,4 %, le chômage est en hausse et le peso s’est déjà déprécié de 50 % depuis le début de l’année.