Le président sortant, Hery Rajaonarimampianina, fait partie des favoris pour l’élection présidentielle de la fin de l’année. / RIJASOLO / AFP

Le gouvernement de Madagascar a suscité, mercredi 26 septembre, la polémique en obtenant le retrait d’un sondage sur les intentions de vote des électeurs au scrutin présidentiel de la fin de l’année, au nom de la protection de « l’ordre public ».

Commandité par la fondation allemande Friedrich Ebert, l’enquête d’opinion sur les intentions de vote des électeurs malgaches pour le scrutin des 7 novembre et 19 décembre devait paraître dans l’édition du jour de la revue bimestrielle d’information et d’analyse Politika. Mais juste avant que les premiers exemplaires ne soient mis en vente, la publication et le sondeur ont annoncé avoir retiré le sondage, sous la pression des autorités. La conférence qui devait en présenter les résultats a été annulée.

« Nous prenons acte des vives préoccupations quant à la publication de chiffres ou de quelconque résultat de sondages d’opinion et des impératifs liés à la sauvegarde de l’ordre public, de la dignité nationale et de la sécurité d’Etat qui nous ont été signifiés officiellement », ont-ils annoncé. Le représentant de la fondation, Marcus Schneider, a précisé à la presse que la mise en demeure lui avait été adressée par « une lettre officielle du gouvernement ».

« Disparité du niveau d’instruction »

Très rares à Madagascar, les sondages n’y sont interdits que pendant les campagnes électorales. Dès mardi, le président de la commission électorale, Hery Rakotomanana, s’était publiquement inquiété de la publication à venir avec des arguments surprenants. « Dans le contexte malgache, il est encore difficile de réaliser un sondage du fait de la disparité du niveau d’instruction et de la perception » de la population, avait-il plaidé. « On va accuser la CENI [Commission électorale nationale indépendante pour la transition] de manipulation si le résultat des sondages ne correspond pas à ceux du scrutin », avait-il ajouté.

Pour obéir à l’injonction des autorités, les journalistes ont donc eux-mêmes déchiré les neuf pages de leur publication reproduisant les résultats de l’enquête avant sa mise en vente. « C’est le résultat de deux mois de travail et d’investissement qu’on a arraché d’un seul coup », a déploré avec tristesse le rédacteur en chef du journal, Raoto Andriamanambe.

Les trois ex-présidents malgaches Andry Rajoelina (2009-2014), Marc Ravalomanana (2002-2009) et Hery Rajaonarimampianina (2013-2018) font figurent de favoris du scrutin.