Editorial du « Monde ». Décidé il y a un an, présenté le 22 novembre 2017 en conseil des ministres, enclenché le 22 janvier avant même l’adoption, le 15 février, de la loi qui l’organise, le nouveau mécanisme d’affectation dans l’enseignement supérieur des futurs bacheliers – Parcoursup – a connu, depuis huit mois, son baptême du feu. L’on emploie l’expression à dessein, tant le dossier est inflammable, toute forme de régulation de l’entrée à l’université étant aisément dénoncée comme une inacceptable sélection.

En dépit d’un rodage acrobatique, de vives controverses et de lourds soupçons, d’une agitation émaillée de quelques occup ations d’universités au printemps, enfin de sérieuses inquiétudes des candidats et de leurs familles tout au long de la procédure, le premier bilan de Parcoursup est honorable.

Techniquement, l’ambition a été de supprimer les rigidités du système antérieur d’attribution automatique des places dans le supérieur, voire ses absurdités, comme le tirage au sort dans des filières surchargées. Philosophiquement, le projet vise à permettre une meilleure adéquation entre les vœux des bacheliers et les exigences des formations auxquelles ils postulent – en clair, une orientation plus efficace –, afin de commencer à combattre l’impitoyable sélection par l’échec qui reste la marque de fabrique du premier cycle universitaire.

Des améliorations envisagées

Pour la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, la nouvelle plate-forme informatisée d’inscription a globalement atteint ces objectifs. Au terme de la procédure d’inscription, a-t-elle souligné mardi 25 septembre, plus de 2,4 millions de propositions ont été faites à 730 000 jeunes, soit près de 90 % des candidats, et l’engagement que chaque candidat ait une proposition « au plus près de ses vœux a été tenu ».

Au total, 583 000 bacheliers ont trouvé une place dans l’enseignement supérieur, 955 seulement étant encore en quête d’une affectation. En outre, Parcoursup s’est efforcé d’améliorer la mobilité sociale et géographique des candidats.

Cela ne dispense pas, évidemment, d’améliorer les faiblesses avérées du nouveau dispositif. Tous les acteurs, bacheliers et leurs familles autant qu’établissements d’enseignement supérieur, ont déploré la lenteur du calendrier, stressante pour les candidats et problématique pour les responsables de formation. Parmi d’autres améliorations envisagées, la ministre prévoit donc, à l’avenir, de clore la première phase de la procédure fin juillet et non plus début septembre. Personne ne s’en plaindra.

Cela ne dispense pas, non plus, de soulever des questions pour l’heure sans réponse. Qui sont et que deviennent les quelque 20 % de candidats, voire davantage, qui sont sortis du système Parcoursup sans donner signe de vie ? Quelles seront la nature et l’efficacité des dispositifs de remise à niveau pour les bacheliers, notamment professionnels, que les universités n’ont pas jugés assez armés pour aborder immédiatement des études supérieures ? Quels moyens seront donnés aux lycées pour renforcer l’indispensable travail d’information et d’orientation des futurs bacheliers – et aux universités pour évaluer les demandes ? La liste n’est pas limitative.

Quant à l’objectif stratégique de la réforme, l’amélioration de la réussite des étudiants, l’on pourra commencer à en juger dans un an ou deux, au vu des parcours des nouveaux étudiants. Mais on doit tout faire pour qu’il soit atteint, tant le gâchis actuel de l’échec en premier cycle universitaire est choquant.