Doctolib, le leader français de la prise de rendez-vous médicaux en ligne ne cesse de grandir. Jeudi 27 septembre au matin, il inaugurait son « Health Tech Center », qui sur 1 000 mètres carrés, rue de Monceau, dans le 8e arrondissement de Paris, va accueillir 100 ingénieurs cette année – dont la plupart font déjà partie des effectifs de la société –, et 50 de plus en 2019. La structure est appelée à accueillir des intervenants extérieurs pour réfléchir au futur des systèmes de santé. Mais d’abord à élaborer les fonctionnalités à venir de Doctolib. Et la première d’entre elles est déjà connue.

Doctolib a annoncé jeudi qu’il allait proposer à ses utilisateurs, à partir du 1er janvier 2019, de pouvoir joindre leur praticien en téléconsultation depuis le site. Un service appelé à se populariser depuis que, le 15 septembre, a été annoncé le remboursement de la majorité de ce type d’actes médicaux.

Qu’un acteur aussi important de la e-santé – 60 000 professionnels de santé recourent aujourd’hui aux services de Doctolib et 20 millions de visiteurs ont fréquenté le site au mois de septembre – s’engage dans cette voie pourrait accélérer l’adoption d’une pratique actuellement marginale. « Aujourd’hui, il n’y a que quelques milliers de téléconsultations qui sont effectués chaque année… tout reste à inventer », explique Stanislas Niox-Chateau, à la tête de Doctolib.

Former les praticiens à ces nouvelles pratiques

Surtout quand la plupart des acteurs du secteur ne peuvent prétendre offrir un service remboursé : les dernières réglementations exigent que la téléconsultation soit réservée à des médecins exerçant également en présentiel, alors que les services existants consistent pour l’essentiel en des cabinets 100 % digitaux.

Concrètement, Doctolib va permettre depuis son site à ses utilisateurs de prendre rendez-vous avec leur médecin traitant, ou des spécialistes, pour une consultation à distance. Grâce à un questionnaire préalable, les cas nécessitant une présence physique du patient avec son médecin, devraient être écartés. Les autres se verront adresser un lien pour joindre un professionnel de santé en visioconférence. Au terme de la consultation, une ordonnance pourra être envoyée au patient via le site.

Un travail est actuellement mené par Doctolib avec un groupe de 500 médecins pour définir la meilleure manière d’accompagner les patients vers la téléconsultation et former les praticiens à assimiler ces nouvelles pratiques.

La société promet également d’apporter tous les gages pour respecter les formes réclamées par l’Etat pour développer la téléconsultation. Il s’agira de s’assurer que les patients se tournent d’abord vers leur médecin traitant, ou au moins un professionnel qui les aura vus physiquement dans les 12 derniers mois.

« Transformer le système de santé »

Quel sera le gain économique pour Doctolib ? La réponse n’est pas claire aujourd’hui. Pour l’instant, le site propose à ses clients une formule d’abonnement unique à 109 euros par mois pour gérer leurs prises de rendez-vous. D’ici à la fin de l’année, l’entreprise devra décider s’il maintient une offre unique, probablement réévaluée à la hausse, incluant le service de téléconsultation, ou s’il proposera ce service en option. « On a notre idée là-dessus, mais on veut aboutir à un modèle validé par les praticiens », explique Stanislas Niox-Chateau.

Même s’il estime que la téléconsultation va devenir, à court terme, « une nouvelle activité » pour Doctolib, le dirigeant n’y voit pas « une fin en soi » : « Nous avons bien d’autres sujets pour continuer à transformer le système de santé », avance-t-il, citant notamment les collaborations entamées avec les plus importants centres hospitaliers universitaires (CHU) de France.

Les soutiens ne lui manquent pas non plus : le secrétaire d’Etat à l’économie numérique Mounir Mahjoubi était présent jeudi matin rue de Monceau, content de voir que « la France peut produire des champions mondiaux de la e-santé ».